Sol, aspects historiques

1. Perception ancienne de la diversité des sols

Il existe de nombreuses allusions au sol dans les textes de l’antiquité qui montrent clairement que la perception de la diversité des sols au sein des paysages est ancienne (Boulaine, 1989). Des exemples de l’Ancien Testament en témoignent :
« Voyez ce qu’est la terre, si elle est grasse ou maigre » (Nombres, XIV, 7)
« Tu m’as établie dans une terre aride, donne-moi des sources » (Josué, XIV-19).

L’existence de nombreux noms vernaculaires attribués aux sols d’une région à l’autre, est un autre témoignage d’une reconnaissance ancienne des différences entre les sols : ainsi, on distingue dans le sud-ouest de la France les « boulbènes » des « terreforts » selon le niveau d’hydromorphie des sols et leur teneur en argile. En Bretagne, les agriculteurs utilisent différents qualificatifs pour désigner les sols selon leur comportement perçu de façon empirique : « douce », « séchante », « humide », « froide »…

2. Les premiers travaux scientifiques sur le rôle du sol dans la nutrition des plantes

Les premières approches scientifiques des sols et de leur fonctionnement sont néanmoins tardives et correspondent en premier lieu aux travaux menés entre 1750 et 1880 pour comprendre la nutrition des plantes et le cycle des éléments : les travaux de Lavoisier (1743-1794 ; loi de conservation des éléments), Boussingault (1802-1887 ; cycle de l’azote), Liebig (1803-1873 ; nutrition minérale des plantes) ou encore Lawes (1846-1903) permettent de comprendre l’importance du carbone et des autres éléments majeurs (N, P, K) dans la photosynthèse et la nutrition des plantes. Ils démontrent en particulier, qu’excepté pour le carbone, les plantes ne se nourrissent pas directement à partir de l’air, mais en prélevant par leurs racines des éléments minéraux du sol. De nombreuses expérimentations sont ainsi conduites pour prouver que les plantes ne s’alimentent pas directement à partir de l’humus du sol, contrairement à la théorie de l’humus qui prévalait jusque-là, mais à partir de l’eau du sol. De même, le concept de biodisponibilité est établi, reposant sur le constat que seules certaines formes minérales d’un élément dans le sol sont accessibles aux plantes.
L’ensemble de ces travaux provoque un développement considérable de la fertilisation minérale à partir de la seconde moitié du XIXème siècle.

3. Le sol considéré comme une entité en soi

La thèse du russe V. Dokouchaev (1846-1903), publiée en 1882, est considérée comme le document fondateur de la science du sol, dans la mesure où elle distingue clairement le sol comme un objet naturel spécifique, distinct du simple résultat de l’altération de la roche sous-jacente. A la même époque, C. Darwin (1809-1882) initie la biologie des sols à travers ses travaux sur les vers de terre.
La science du sol s’est ensuite développée de façon considérable tout au long du XXème siècle et seuls quelques repères chronologiques peuvent être donnés ici :