Les multiples facettes de l’aléa inondation

Les inondations sont avant tout la manifestation des crues des cours d’eau liées à des pluies importantes (en termes d’intensité, de durée, de cumul et/ou d’extension spatiale) ou à la fonte des neiges, mais pas seulement : il peut y avoir inondation sans crue.

La remontée de nappe phréatique due à la saturation des sols, l’accumulation des eaux de ruissellement sur des surfaces peu perméables en zone urbaine, la marée de tempête ou un raz-de-marée (dans les estuaires), ainsi que les embâcles et débâcles glaciaires sont également à l’origine des inondations dites « naturelles ». Elles sont accidentelles si elles résultent de l’action de l’homme (rupture de barrage ou de digue).

Les inondations concernent quasiment toutes les zones du globe (même semi-arides). Mais du fait de sa spécificité climatique et géographique la zone intertropicale est la plus concernée par les inondations en terme de fréquence, d’ampleur et de variété des événements (zone chaude favorisant l’abondance des pluies, pentes fortes favorables à l’érosion et aux glissements de terrain, moussons, cyclones, influence du phénomène El Nino). Le Bangladesh, construit sur le delta des gigantesques fleuves Gange et Brahmapoutre, détient le triste record d’être le pays le plus exposé au monde aux inondations (80% de son territoire inondable).

Les principaux facteurs qui influencent le déclenchement, la durée et l’intensité des inondations sont la quantité et le type de précipitations (conditionnés par le climat et le type de temps), la nature et l'état de la surface réceptrice (pente forte et couvert végétal réduit accélèrent les écoulements ; sols saturés en eau ou imperméabilisés augmentent le volume écoulé ; confluence de rivières importantes accélère la montée des eaux et accroît le volume écoulé), l’action de l’homme (imperméabilisation des sols, déboisement, mauvais drainage, rupture d’ouvrages sur les cours d’eau augmentent la vitesse d’écoulement et le volume écoulé). Depuis le 19ème siècle, les inondations sont classées selon la vitesse d’écoulement de l’eau (rapides et lentes ; différenciées par la brutalité, la durée et le volume). Mais elles peuvent être classées aussi selon leur origine naturelle ou accidentelle ou selon leur nature (débordement direct ou indirect d’un cours d’eau, stagnation d’eaux pluviales, submersion de zones littorales).

Les inondations rapides violentes causent des pertes en vies humaines et dégâts matériels importants mais localisés ; les inondations lentes sont rarement la cause de décès directs mais ont des conséquences lourdes sur les infrastructures - les biens - les activités économiques et environnementales. La science du danger est appelée cyndinique, mot inventé par l’association Guillaume Budé en 1987 et depuis, souvent utilisé.

Crédits: Nathalie POTTIER, Maître de Conférences en Géographie à l’Université de Versailles St Quentin-en-Yvelines
 
Définition

Augmentation importante du débit d'un cours d'eau, le plus souvent attribuable aux précipitations ou à la fonte des neiges. La crue ne provoque une inondation que lorsqu’elle entraîne le débordement des eaux hors du lieu d’écoulement habituel (lit mineur) dans la zone d’expansion des crues (lit majeur)