Une inondation qui résulte de crues brutales : cas du département de l’Aude en novembre 1999

1. Un processus naturel classique mais particulièrement intense

Pour illustrer les propos précédents, prenons pour exemple les inondations dans le département de l’Aude en 1999. 36 personnes décèdent lors de cette catastrophe naturelle dont le coût est estimé à 533 millions d’euros. Après un automne relativement sec, un changement de direction du vent le matin du 12 novembre 1999 annonce un épisode de précipitations intenses. Ce processus est habituel en Méditerranée au cours de l’automne. Le vent très puissant se met à souffler sur la Méditerranée vers les départements de l’Aude, des Pyrénées orientales, de l’Hérault et du Tarn. Il se charge en vapeur d’eau au contact de la mer (encore chaude à cette époque) et les masses d’air ainsi générées se refroidissent en altitude dans les Cévennes et les Pyrénées Orientales. Des nuages se forment et provoquent des pluies d’une intensité proche de celle connue pour les pluies cycloniques tropicales. Des pics de 2,5 litres d’eau par mètre carré et par minute sont relevés. Les sols très vite saturés en eau ne peuvent plus absorber celle-ci qui va se déverser sur l’ensemble de la région de façon brutale entraînant des crues rapides avec des débits colossaux. Les rivières se transforment en torrents. Les pluies s’abattent pendant deux jours sur la région inondant une surface de 5000 km2.

2. Des conséquences aggravées par l’urbanisation et la rupture des digues

Des flots boueux submergent plusieurs villages des versants des montagnes jusqu’aux basses plaines. Les maisons sont éventrées et des personnes emportées sur le passage des flots. L’urbanisation est dense à proximité de ces cours d’eau. Ce n’est que 24 heures après le début des précipitations (le 13 novembre au matin), que les eaux des affluents de l’Aude atteignent les basses plaines. Celles-ci sont déjà gorgées d’eau. Des ruptures de digues de protection se produisent sous la pression des eaux qui aggravent la situation et recouvrent des lotissements d’une hauteur d’eau de plus de deux mètres. Le niveau de la mer était anormalement haut (de presque un mètre) du fait des vagues et du vent important soufflant près des côtes de la méditerranée et ceci a eu pour conséquence une gêne à l’évacuation des eaux fluviales. Les communes du littoral resteront sous les eaux plusieurs jours.

3. Impacts des urbanisations inconséquentes

Il est maintenant reconnu que le changement climatique a pour effet d’amplifier les conséquences de ces processus naturels.

L’urbanisation et l’aménagement du territoire peuvent constituer des facteurs aggravant sur les inondations (imperméabilisation des sols, constructions dans le lit des rivières, disparition des champs naturels d’expansion des crues, …). Le régime d'écoulement des eaux a ainsi été modifié sur beaucoup de cours d’eau avec pour conséquences :

L’implantation d’activités humaines dans une zone géographique inondable constitue l’élément directement responsable des conséquences catastrophiques d’un événement. Dans ce contexte, la prévention des risques dans le cadre d’un aménagement des territoires réfléchi et maîtrisé semble incontournable.

Crédits: Jean-François BRILHAC, professeur à l’Université de Haute-Alsace
 
Définition

Caractéristiques de l’écoulement (débit) lié à la pente, au tracé du cours d’eau et aux précipitations.