Principe de l’approche MADS

Introduction

Toutes les sciences s’appuient sur des modèles qui leurs sont propres. Les sciences physiques par exemple ont pour objet d’étudier la matière, avec des modèles de représentation des phénomènes s’y rapportant et les lois associées. Les modèles ne sont qu'une représentation de la réalité.

Il est donc important de définir l’objet de l’étude et les modèles se rapportant aux risques et proposer ainsi un cadre théorique à l’étude des risques. En France, des concepts nouveaux ont été proposés dans ce cadre :

1. Principe de l’approche MADS

Cette approche et le modèle systémique qui lui est associé ont été développés par une équipe de recherche de l’Université de Bordeaux I en collaboration avec des ingénieurs du CEA. L’approche MADS (Méthodologie d’Analyse des Dysfonctionnements dans les Systèmes) a pour objet d’appréhender les événements non souhaités (ENS) caractérisés comme les « dysfonctionnements susceptibles de provoquer des effets non souhaités sur l’individu, la population, l’écosystème et l’installation » Contribution à l’élaboration d’une science du danger. La Méthode Organisée Systémique d’Analyse des Risques (MOSAR) développée par Périlhon est l’outil qui est associé à cette approche La systémique Systémique et science des systèmes.

Cette approche est basée sur le modèle de processus de danger, représenté ci-dessous, qui a pour objet de décrire l’enchaînement des événements conduisant à une situation dangereuse. Le processus relie les processus sources de danger aux processus susceptibles d’être affectés au niveau de la cible. La liaison s’effectue par l’intermédiaire d’un flux de danger (matière, énergie, information) orienté de la source vers la cible. Sources, cibles et flux sont immergés dans un champs de danger qui peut influencer l’état du système source mais également l’effet sur les cibles et le flux.

Modèle du processus de danger

Crédits: Périlhon, 2003

De manière générale, les sources de danger sont systématiquement présentes dans l’environnement. Fort heureusement, il y a beaucoup moins d’accidents qu’il n’y a de sources de danger. Celles-ci sont donc souvent présentes à l’état latent. Seule leur activation peut conduire à une situation accidentelle. L’événement initiateur peut être considéré comme la cause de l’activation de la source de danger qui se traduit par l’occurrence d’un événement initial générateur d’un flux. Ce flux peut être un flux d’énergie, de matière et d’information. Il provoque un événement terminal qui peut avoir un impact sur les cibles exposées (individu, population, système technique, environnement) conduisant à des effets divers. Il faut qu’il y ait présence simultanée dans l’espace et le temps (champ de danger) d’une source de danger, d’un événement initiateur, d’un événement initial et d’une ou plusieurs cibles, pour que le processus de danger puisse se réaliser.

2. Exemples de processus de danger

Considérons comme source de danger, une bouteille contenant un gaz toxique : le monoxyde de carbone CO. La finalité du contenant (bouteille) est de maintenir confiné le contenu (gaz monoxyde de carbone). Un des dysfonctionnements redoutés pour cette bouteille est la perte de confinement du CO (non atteinte de la finalité du système). L’événement initial est donc, pour ce système, la rupture de confinement. Les événements initiateurs possibles peuvent être multiples : choc, corrosion interne, corrosion externe, par exemple. Différents flux caractérisent ce processus de danger : flux de matière (gaz), flux d’énergie (énergie cinétique), flux d’information (bruit). L’événement terminal est la présence de CO dans l’atmosphère avec un effet toxique sur les cibles (individu, population).

Un processus de danger qui prend une source de danger de l’environnement naturel est présenté ci-dessous.

Modèle du processus de danger appliqué à un cours d’eau

Des scénarios couplant plusieurs processus peuvent être construits en utilisant ce modèle. Le couplage entre processus s’effectue entre événements terminaux et événements initiateurs. La conséquence d’un processus peut être la cause d’un autre processus. Comme décrit sur le schéma précédent, les notions d’aléas et de vulnérabilité peuvent être définies par rapport au modèle du processus de danger. L’aléa est constitué d’une chaîne causale qui va de l’événement initiateur (fortes précipitations dans ce cas) à l’événement terminal (inondation). Les enjeux et la vulnérabilité concernent les cibles exposées (usines dans ce cas). L’événement déclencheur ou événement initial est dans ce cas le débordement du cours d’eau.

3. Quantification des risques

Le processus de danger peut être également évalué quantitativement :

Dans la plupart des analyses de risque, des niveaux discrets de probabilité et de gravité sont définis. Un exemple de grille de criticité est donné ci-dessous. Le nombre de niveaux de gravité et de fréquence ainsi que les domaines de risques acceptables, tolérables et inacceptables sont définis par les acteurs de l’étude avant de débuter les processus d’identification et d’analyse des risques.

Exemple de grille de grille de criticité et niveaux de fréquence

Grille de criticité : rouge = inacceptable, orange = tolérable, vert = acceptable
Crédits: Donie, 2002

Les niveaux de fréquence sont caractérisés par un indice qui représente une valeur de probabilité ramenée à une unité qui peut être une durée de référence (par an, par jour, par heure) ou à une sollicitation (défaillance dans la mise en fonctionnement d’un système).

Les conséquences de l’ENS sont caractérisées par l’indice de gravité avec, par exemple, pour les deux indices extrêmes :

4. Extension de l’application de MADS vers les sphères économiques, juridiques, organisationnelles

Le modèle MADS est essentiellement appliqué aux systèmes techniques. La prise en compte du facteur humain et des défauts d’organisation n’était pas prévue initialement. De récents travaux, qui avaient pour objet de développer une méthode d’analyse globale des risques en entreprise Méthode d’analyse globale des risques en entreprise ont permis d’étendre l’utilisation de la méthode MADS-MOSAR aux sphères économiques, juridiques, organisationnelles et environnementale.

Crédits: Jean-François BRILHAC, professeur à l’Université de Haute-Alsace
 
Définition

Evénement non souhaité (anomalie, incident, accident)

Référence bibliographique

LESBATS, M., DOS SANTOS, J. et PERILHON, P.. Contribution à l’élaboration d’une science du danger. Albi : Ecole d’été « Gestion scientifique du risque », 1999.

Référence bibliographique

DURAND, D.. La systémique. PUF, 1997. coll. Que sais-je ?.

Référence bibliographique

Donnadieu. Systémique et science des systèmes. Quelques repères historiques. , 2004. 24.

Référence bibliographique

DASSENS, A.. Méthode d’analyse globale des risques en entreprise. Thèse de l’Université de Haute-Alsace, 2007.