Agréger/combiner les facteurs de risque dans l'utilisation des pesticides : notions

Introduction

remarque Remarque

Une des grandes difficultés de l'évaluation du risque : comment agréger/combiner les facteurs de risque entre eux ?

L'une des grandes difficultés de l'évaluation du risque dans le domaine de l'environnement tient au fait que les connaissances scientifiques sont faibles et qu'en particulier on ne connaît pas ou mal les lois qui relient entre eux les facteurs de risque.
Si on connaissait ces lois, on utiliserait pour évaluer ce risque des méthodes de modélisation et en particulier des modèles à bases physiques, c'est-à-dire fondés sur les lois physiques qui lient ces facteurs entre eux. Avec le développement des sciences de l'environnement, ce type de modèles devient progressivement disponible mais la complexité de ces modèles quand ils existent rend leur utilisation quotidienne difficile en particulier dans le cas des pollutions diffuses donc les acteurs sont multiples...
Une autre solution serait d'utiliser des méthodes statistiques mais l'utilisation de ce type de méthodes nécessite la disponibilité de séries statistiques de données décrivant le phénomène étudié.
Par défaut, on est souvent contraint d'utiliser - dans le domaine de l'environnement - ce qu'on appelle des « indicateurs » ou des « indices de risque » et alors le meilleur côtoie souvent le pire.

Nous allons introduire ici quelques notions.

1. Notion de gravité d'un facteur de risque

Tous les facteurs de risque n'ont pas la même gravité – notion que je noterai gi pour gravité du facteur i. On parle aussi de poids du facteur – on trouvera dans la littérature anglo-saxone la notation wi pour poids (weight) du facteur i. On pourra dire aussi que tous les facteurs ne contribuent pas au même niveau, de la même façon au risque.
Toutes ces façons de s'exprimer recouvrent la même notion que l'on peut appeler la gravité d'un facteur de risque.
Le plus souvent, on considère que la somme des gravités vaut 1, c'est ce qu'on peut dénommer la normalisation des gravités :

somme(gi) = 1.0

2. Notion d'agrégation ou de combinatoire des facteurs de risque

La question est de savoir comment des risques partiels, c'est-à-dire dus chacun à un seul facteur de risque se combinent entre eux ? S'additionnent-ils ou se combinent-ils autrement que par une addition ?

3. Notion d'interaction entre facteurs

Cette notion découle directement de question précédente. J'appellerai i l'interaction entre deux facteurs et je n'écrirai la relation explicitant cette notion que dans le cas le plus simple de deux facteurs de risque F1 et F2. La notion d'interaction implique l'idée que les risque partiels rp1 et rp2 dus aux facteurs F1 et F2 ne sont pas simplement additifs et on peut alors écrire :

r = r_p1 + r_p2 + i

Si i est positif, on parle d'interaction positive ou synergique.
Si i est nul, il n'y a pas d'interaction entre les facteurs F1 et F2.
Si i est négatif, on parle d'interaction négative parfois on utilise le terme compensatoire.

La notion d'interaction est une notion très générale, on peut l'utiliser dans d'autres domaines que ceux de l'étude du risque, par exemple en pharmacologie on pourra parler d'interaction entre deux molécules et les effets de ces deux molécules e1 et e2 ne seront pas simplement additifs :

e = e_1 + e_2 + i

On parle alors de synergie entre les molécules.

Dans la nature, il y a le plus souvent des interactions entre les facteurs de risque et des interactions positives ou synergiques.
Il ne faut pas confondre interaction et indépendance qui sont deux notions totalement différentes. Deux facteurs peuvent être totalement indépendants, c'est-à-dire non corrélés, mais en interaction. Ainsi dans l'évaluation de l'aléa « avalanche », l'intensité de la pente et la longueur de la pente à l'amont du site où on souhaite évaluer l'aléa « avalanche » sont deux facteurs indépendants mais on peut considérer qu'ils sont en interaction.

Par contre, il peut exister des facteurs de risque non indépendants, ainsi dans l'évaluation du risque de rupture d'une coque de bateau tel que pris en considération par l'OMI (Office Maritime International) on trouve parmi les facteurs de risque, l'âge de la coque et son degré de corrosion. Ces deux facteurs ne sont évidemment pas indépendants entre eux, ce qui n'est pas sans poser problème.

Crédits: Pierre AROUSSEAU, professeur à Agrocampus Rennes