Le regard des médias sur le changement climatique

Introduction

A partir de l’observation du temps qu’il fait et qu’on subit chaque jour, il est légitime de s’interroger sur les changements, les éventuelles évolutions du climat du lieu où l’on vit. Pourtant il est difficile de passer du temps d’un jour au climat et des échelles fines à celle de la planète. Malgré cela, il semble presque normal qu’il ne se passe pas une semaine sans que les médias parlent du climat. Ce thème semble intéresser largement tous les modes de diffusion massive de l’information. Mais en dehors de la simple annonce quotidienne de la « météo » du lendemain ils se focalisent presque sur une seule question : le changement climatique. Et ils s’en donnent à cœur joie ! C’est un sujet porteur qui fait régulièrement l’objet de livres ou de gros titres dans les journaux, d’émissions de radio ou de télévision. Or, la télévision, la radio et la presse écrite constituent pour les trois quarts des Français la principale source d’informations. L’audience de ces médias est sans commune mesure avec les conférences ou articles scientifiques. Il convient donc de s'interroger sur le discours des médias, et de la presse écrite en particulier, sur le changement climatique.

1. Le changement climatique : une entreprise sans équivalent de mise à disposition du savoir savant

Le « changement climatique » (« global change », « réchauffement contemporain », etc.) fait l’objet d’un intérêt et d’un souci de transmission du savoir sans équivalent, et peut-être sans précédent, dans la recherche scientifique. Ce qui ne peut s’expliquer seulement par le caractère planétaire du risque, qui devrait affecter tous les humains, car sinon n’importe quelle recherche médicale devrait faire l’objet d’une campagne similaire, ce qui n’est pas le cas. Comment s’opère cette information ?

2. Qui fait passer les « savoirs savants » sur le changement climatique vers la société civile ?

Il convient pour commencer de s’interroger sur la place et la fonction de ceux qui font passer les messages de la sphère scientifique à celle des décideurs et du grand public. Les médias représentent en France 36 535 professionnels en 2005, dont 58 % sont franciliens. Ils travaillent pour deux tiers d’entre eux dans la presse écrite, nationale ou régionale. Ce sont donc les journalistes de presse écrite qui informent tous les autres ; leur position mérite donc d’être interrogée. Au Monde, le changement climatique concerne une petite poignée de journalistes (Hervé Morin ; Christiane Gallus, Hervé Kempf, Stéphane Foucart, Cécile Ducourtieux, Eric Leser, Pierre Le Hire). Á ceux-ci, il faut ajouter des intervenants extérieurs pour 5 % seulement des articles.

3. Que nous disent les médias sur le changement climatique ?

Au-delà de la question de la légitimité, il est intéressant de remarquer que le climat est un reflet assez fidèle des idées dominantes de la société. Comme l’homme a besoin de cohérence, le regard que les sociétés portent sur elle-même et donc sur leur action est consciemment ou inconsciemment indissociable d’une représentation globale. Alors que la société évolue en profondeur et que la « dynamique » est une valeur positive, le climat est perçu comme en évolution lui aussi. La mondialisation a même atteint la climatologie, qui n’est plus que planétaire (global des anglo-saxons) dans les médias : il n’y a plus de climats mais un climat.

4. Pour autant, est-ce que ce matraquage médiatique est efficace ? Est-ce que le message passe correctement auprès du grand public ?

Pour conclure, il semble important de se demander quelles sont les conséquences du discours médiatique analysé, en particulier à travers la comparaison du message passé en France avec la vision d’autres pays.

Crédits: Martine Tabeaud - Paris 1 Panthéon-Sorbonne