Présentation d’un réseau de recherche interdisciplinaire pancanadien sur le mercure : Le réseau COMERN (Collaborative Mercury Research Network)

COMERN Collaborative Research Network on the Impacts of Atmospheric Hg Deposition on Large Scale Ecosystems in Canada est un réseau de recherche pancanadien établie en 2001 grâce au support financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG). Sa naissance, résulte de la préoccupation commune face à la question du mercure de trois groupes d’acteurs à savoir les communautés consommatrices de poissons des lacs canadiens, les scientifiques et les pouvoirs publics.

De nombreuses régions du Canada ont identifié des teneurs en mercure dans les poissons et autres organismes aquatiques non négligeables. Ces teneurs peuvent varier de façon significative d’un lac à l’autre, même si ceux-ci sont relativement proches (quelques kilomètres) . Même si il est aujourd’hui largement reconnu que les activités anthropiques ont significativement contribué à augmenter la concentration de mercure dans l’atmosphère pendant le 20ième siècle, il reste impossible de lier l’augmentation observée des dépôts atmosphériques de mercure à la qualité globale des écosystèmes lacustres, exprimé par la quantité de Hg locale/régionale incorporée dans la chair des poissons.

Pour tenter de comprendre les variations des niveaux de mercure des écosystèmes, d’évaluer le risque de contamination et proposer des solutions le COMERN Collaborative Research Network on the Impacts of Atmospheric Hg Deposition on Large Scale Ecosystems in Canada a choisi d’orienter sa recherche selon un modèle conceptuel qui intègre les différentes étapes du cycle du mercure et de l’organiser selon une approche interdisciplinaire et écosystémique. Une meilleure compréhension du cycle du mercure depuis les sources d’émission jusqu’à l’incorporation humaine permettra de mettre en place, plus efficacement, des moyens de lutte contre la contamination des humains par le mercure. Le réseau COMERN recherche plus particulièrement à identifier les causes de l’augmentation de la contamination et de ses impacts sur la santé des communautés.

Schéma conceptuel de recherche du réseau COMERN

Crédits: COMERN

Quelques résultats de recherche clés du réseau :

Pour expliquer, les variations des teneurs en mercure des différents lacs canadiens les chercheurs du COMERN se sont penchés sur les différents facteurs qui influencent les teneurs en mercure dans les poissons. L’augmentation des apports en mercure par l’atmosphère ne peuvent seuls expliquer la dégradation de la qualité globale des écosystèmes, qui s’expriment par la quantité de mercure incorporée dans la chair des poissons. D’autres facteurs essentiellement représentés par des caractéristiques, morphologiques, physico-chimiques et biologiques des lacs et de leurs bassins versants semblent jouer un rôle important. Ainsi des critères aussi variés que l’utilisation du sol et le couvert végétal (forêt, mine, agriculture, exploitation forestière, coupe à blanc…) , l’intensité de pêche, la quantité de zones humides sur le bassin versant, le pH, les concentrations en carbone organique dissout influencent (positivement ou négativement) les concentrations en mercure des poissons des lacs canadiens. Ces résultats de recherche mettent en évidence l’importante d’agir non seulement vers une diminution des émissions de mercure dans l’atmosphère à l’échelle globale mais également de concentrer les efforts de gestion à l’échelle du bassin versant en menant une action locale complémentaire de l’action global.

La problématique du mercure dans l’environnement est complexe et doit se gérer à différentes échelles. En raison de sa capacité à traverser les frontières soit par transport atmosphérique à grande distance soit par l'importation et/ou l'exportation de produits, des mesures sont prises afin d'assurer la diminution des émissions anthropiques de mercure. La gestion de la problématique du mercure à l’échelle locale reste aussi très importante et doit être couplée à l’action internationale. Si l’on se réfère au modèle conceptuel de recherche proposé par le réseau COMERN plusieurs niveaux d’intervention sont envisageables : agir à la source en mettant en place des mesures pour diminuer les rejets de mercure dans l’environnement tout en menant des actions complémentaires à un niveau plus local tel que le recensement des populations à risques, la mise en place campagnes de sensibilisation et d’information pour réduire l’exposition des populations menacées … .

De nombreux pays dans le monde sont de plus en plus conscients des effets du mercure sur l'environnement et la santé humaine. Alors que dans la grande majorité des pays développés les émissions de mercure dans l’atmosphère ont tendance à diminuer en raison des nombreuses mesures prises à l’échelle internationale, l’envolée économique des pays asiatiques inquiète la communauté scientifique et les politiques. Des études scientifiques récentes Environmental mercury contamination in China : Sources and impacts alertent sur les hauts niveaux de contamination des écosystèmes asiatiques et montrent également l’importance des sources de Hg d’origine Asiatique dans l’atmosphère. Concernant les risques sur la santé de l’exposition au mercure, là aussi la prise de conscience varie significativement d’un pays à l’autre. Alors que de nombreux pays industrialisés comme Australie, le Canada, le Japon, les Etats Unis, les pays de l’Europe de l’Ouest ont pris des mesures pour tenter de limiter et prévenir l’exposition des populations au mercure, les pays en voie de développement n’en sont encore qu’à leur balbutiement. Pour encourager les pays à agir, se fixer des objectifs et à prendre des mesures concrètes, un programme d’action a été initié en 2003 par le Programme des Nations Unis pour l’Environnement (UNEP) . Ce programme vise à favoriser l’action aux niveaux national, régional et mondial en vue de réduire et éliminer les utilisations et les rejets de mercure pour limiter ses effets nocifs sur les personnes et l’environnement.

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Pour en savoir plus sur l'organisation de la recherche au sein du réseau COMERN, lien externe cliquez ici.

Crédits:
Anne ROUE-LE GALL, Maitre-Assistante à l’ENSMP – ISIGE
Frédéric PLANCHARD, Ingénieur de Recherche à l’ENSMP – ISIGE
 
Référence webographique

COMERN. Collaborative Research Network on the Impacts of Atmospheric Hg Deposition on Large Scale Ecosystems in Canada. [consulté le 07/07/2012] http://www.unites.uqam.ca/comern/indexfr.html

Référence webographique

COMERN. Collaborative Research Network on the Impacts of Atmospheric Hg Deposition on Large Scale Ecosystems in Canada. [consulté le 07/07/2012] http://www.unites.uqam.ca/comern/indexfr.html

Référence bibliographique

Zhang , L. Wong, M. H.. Environmental mercury contamination in China : Sources and impacts . Environment international, 2007, 33, n°1, 108-121.