Les effets de la gravité : un processus mécanique assisté par l’action de l’eau

1. Les éboulements et écroulements

L’action mécanique qui s’exerce sur une pente forte conduit au détachement de blocs et à leur chute sur la pente. Cela concerne en particulier les villes littorales (cas de Creil-sur-Mer par exemple) et les abrupts le long des cours d’eau et dans les vallées montagneuses. La pente des cônes d’éboulis ou des talus dépend de la taille des matériaux, de leur densité et de leur forme. Elle varie entre 27 et 37 degrés ; il s’agit de la pente du talus d’équilibre. L'évolution des falaises et des versants rocheux engendre des chutes de pierres (volume inférieur à 1 dm3), des chutes de blocs (volume supérieur à 1 dm3) ou des écroulements en masse (volume pouvant atteindre plusieurs millions de m3). Les milieux les plus touchées sont souvent encore en périphérie des centres urbain : c’est le cas des villes côtières de la Manche. Sans atteindre encore le bâti, ces destructions affectent parfois les infrastructures routières gênant, par là même, les activités des villes et mettant aussi en cause leur attractivité touristique.

La route de Pourville menacée par le recul de la côte

2. Les glissements et coulées boueuses, ou coulées de solifluxion

Ces mouvements se distinguent des précédents par l’intervention de l’eau comme lubrifiant, ce qui permet la mise en mouvement des matériaux sur de faibles pentes. Les glissements consistent en une descente massive et relativement rapide de matériaux le long d’un versant. Leur vitesse et leur ampleur en font souvent des phénomènes spectaculaires pouvant transporter des milliers de cubages de matériaux en une seule fois. Ces déplacements de matière s’effectuent le long d’une surface de glissement facilitant l’intervention de la gravité, comme c’est le cas dans les roches sédimentaires, avec la présence d’un plan de stratification parallèle au versant ou d’un soubassement argileux ou marneux saturé en eau. En avril 2001, un glissement de terrain a provoqué l’effondrement d’une partie du rempart du château de Saumur. Cet aléa est dû à une forte déstabilisation de la roche. Lessivée, exposée à un air renfermé donc riche en dioxyde de carbone, la roche subit une décarbonatation qui modifie sa structure. Chargée en eau, la roche voit également ses propriétés mécaniques changer ; la gélifraction peut créer des fissures. La strate sédimentaire est également rendue instable par des failles parallèles au lit de la Loire présentes dans le coteau, de l’agencement des cavités creusées par l’homme.

Les coulées de solifluxion sont constituées de matériaux généralement plus fins que les dépôts précédents. On emploie le mot de solifluxion pour désigner tout mouvement de matériaux rendus plastiques ou liquides. L’état plastique du matériau peut le rendre très facilement mobile. La masse qui se met en mouvement s’arrache plus ou moins nettement à la partie amont du versant et descend en formant une loupe ou, lorsque la teneur en eau est très importante, en coulée boueuse constituée de bourrelets successifs et de bossellements.

La solifluxion ne peut affecter que des matériaux à forte capacité d’absorption d’eau (argiles, marnes, limons, loess ou altérites argileuses). Ces glissements sont récurrents dans les régions où la pluviosité (et les épisodes orageux) est importante, les sols meubles, à la suite d’une pratique agricole intensive, comme dans le Pays de Caux. Dans ce contexte, une coulée de boue a, en 30 minutes, coupé en deux la ville de Fécamp et provoqué une victime en mai 2000.

Les facteurs favorisant ces types de déplacement sont l’existence d’un mauvais drainage à flanc de colline, qui entraîne une imbibition en eau des matériaux ; la présence de couches argileuses intermédiaires (surtout si leur pendage est dans le même sens que la pente topographique) ; le creusement d’une tranchée de route, de voie ferrée ou de canal, au talus trop raide (en particulier lorsqu’elle entaille des colluvions hétérogènes).

Crédits: Catherine CARRE, Maître de conférences à l’université de Paris1 Panthéon Sorbonne
Michèle CHARTIER, Maître de conférences à l’université de Paris1 Panthéon Sorbonne
 
Définition

Fragmentation des roches due à l’alternance du gel et du dégel de l’eau remplissant les vides des roches