Agréger/combiner les facteurs de risque dans l'utilisation des pesticides : l'agrégation par la méthode combinatoire, une méthode pseudo-scientifique

La méthode la plus habituellement utilisée pour évaluer le risque-aléa est la méthode par pondération.

Formellement, on peut l'écrire :

r = somme(r_i*g_i)

Dans cette méthode, on considère :

  1. qu'il n'y a pas d'interaction entre les facteurs, ce qui est le plus souvent erroné ;
  2. que les risques partiels sont additifs;
  3. que le risque partiel résulte du produit du risque élémentaire par la gravité du facteur de risque
     r_pi= r_i * g_i

Outre, ces défauts très graves de la méthode par pondération, le problème supplémentaire qui se pose est le suivant : le plus souvent on ne sait pas attribuer des valeurs numériques aux gravités ou plus exactement on ne dispose pas d'arguments scientifiques ou techniques pour attribuer des valeurs numériques aux gravités des facteurs. La conséquence étant que les valeurs numériques des gravités qui sont utilisées dans la méthode combinatoire sont le plus souvent totalement subjectives et non fondées.

Le problème est que le résultat final de l'évaluation du risque est très fortement dépendant des valeurs numériques qui ont été attribuées aux gravités. Un jeu de valeurs différentes conduisant à des résultats fortement différents. C'est ce qui conduit à dire que l'utilisation de la méthode combinatoire dans l'évaluation du risque relève de la pseudo-science.

Prenons un exemple : dans l'évaluation du risque de non-atteinte en 2015 des objectifs de la DCE pour les masses d'eaux maritimes de Bretagne, le travail a été confié à un important bureau d'étude français qui a conduit son évaluation par utilisation de la méthode combinatoire. Le rapport d'étude très volumineux est très richement illustré par des dizaines de documents cartographiques réalisés sous SIG.
lien externe Voir le tableau et son explication ici ...

On est, dans cet exemple, typiquement dans le domaine de la pseudo-science, dans une démarche de fait non scientifique et dont le résultat n'a - à priori – aucune valeur technique. Et on obtiendrait des résultats fondamentalement différents, rien qu'en attribuant des valeurs numériques différentes aux gravités des facteurs.

Crédits: Pierre AROUSSEAU, professeur à Agrocampus Rennes