Les facteurs liés aux propriétés des molécules

Toutes les molécules ne sont pas égales entre elles. Certaines molécules sont dites à « mauvais profil environnemental », d'autres « à bon profil environnemental ». L'atrazine déjà citée, était une molécule à mauvais profil environnemental : utilisée à des doses à l'hectare assez élevées (de 1 à plus de 2 kg de matière active à l'hectare) sur des surfaces très importantes, d'où des masses assez considérables de matières actives utilisées (plus de 400 tonnes par an rien qu'en Bretagne, plusieurs milliers de tonnes de matière active par an sur le territoire français). Par ailleurs il s'agit d'une molécule très soluble dans l'eau, à faible constante d'adsorption sur la matière organique des sols (KOC) et à demi-vie assez longue (DT 50). La constante d'adsorption sur la matière organique des sols ou KOC est un paramètre physico-chimique très important qui permet de mesurer l'aptitude d'une molécule à s'adsorber sur la matière organique des sols. L'écriture de cette constante KOC est proche de celle de la constante K d'équilibre de Gudberg et Waage. C'est bien évidemment un paramètre qui joue un rôle important sur la mobilité d'une molécule dans le milieu naturel. Une molécule à fort KOC se fixera fortement dans les premiers décimètres du sol et ce d'autant plus que le sol en question sera riche en matière organique. Les produits phytosanitaires se métabolisent, c'est à dire se transforment en molécules plus petites que l'on appelle des métabolites dont certains peuvent être aussi toxiques et qui ont leurs propres propriétés. On considère habituellement que cette métabolisation suit une loi exponentielle décroissante (le même type de loi que celui de la radioactivité) qui est définie par la demi-vie qui est le temps au bout duquel la masse du produit étudié est divisée par deux.

Décroissance de la teneur en matière active dans une parcelle – en suivant la loi de la demi-vie – dans l'hypothèse d'un apport initial de 1000 g/ha et d'une demi-vie de 60 jours. C'est le cas de l'atrazine avant son interdiction. Dans ce cas on constate qu'il n'y a pratiquement pas de rémanence d'une année sur l'autre (il ne reste que quelques dizaines de grammes au bout d'environ un an). Il n'en serait pas de même dans le cas d'un apport initial plus important (2500 g/ha de matière active comme cela se pratiquait dans les années 70) ou dans le cas d'une demi-vie plus longue (plus de 100 jours).

exemple Exemple

Dans le cas de l'Atrazine, sa demi-vie moyenne est souvent prise aux alentours de 60 jours, ce qui est une demi-vie relativement longue. Les deux principaux métabolites de l'Atrazine : la DEA (Déséthylatrazine) et la DIA (Déisopropylatrazine) sont elles mêmes des molécules toxiques à propriétés herbicides.

Crédits: Pierre AROUSSEAU, professeur à Agrocampus Rennes