La méthode « parcelles à risque phyto » : évaluation des impacts d’un aménagement

Au milieu des années 90, le besoin d'une méthode d'évaluation du risque de transfert des produits phytosanitaires à l'échelle de le parcelle est apparu. C'est ce qu'on appelle la méthode « parcelles à risque phyto ». Evaluer le risque de transfert des produits phytosanitaires à l'échelle de la parcelle est un problème plus simple que d'évaluer ce risque à l'échelle des bassins versants car comme on l'a dit plus haut, à l'échelle locale certains facteurs de risque peuvent être considérés comme invariants. C'est le cas des facteurs climatologiques. A l'échelle régionale ces facteurs ne peuvent plus par contre être considérés comme invariants.

L'un des avantages de cette méthode « parcelle à risque » est de permettre d'évaluer l'impact direct d'un aménagement sur le rang de risque d'une parcelle.

On va prendre l'exemple d'une parcelle à risque fort le plus fréquemment rencontré : parcelle adjacente au réseau hydrographique, à pente faible (<3%), drainée artificiellement dans sa partie aval, longue dans le sens des écoulements (>150m), sans protection aval. Par application de la méthode son niveau de risque est de 69 et elle est dans la classe de risque fort (rouge).

  1. La mise en place d'une protection aval qui ne permet pas de reporter l'aval de la parcelle à 20 m au moins du réseau hydrographique va modifier la valeur du facteur 5 (protection aval) qui va passer de la modalité défavorable (notée d), à la modalité non défavorable (notée 0). Un tel type de protection aval peut être soit un système haie-talus, soit une bande enherbée de largeur supérieure ou égale à 10 m et inférieure à 20 m. Le rang de risque d'un telle parcelle passe alors à 54. Le progrès obtenu est substantiel car le rang de risque régresse de 15 mais la parcelle reste dans la classe de risque fort (rouge), même si dorénavant elle se situe près de la borne inférieure de cette classe.
  2. Ce premier aménagement étant insuffisant pour faire changer la parcelle de classe de risque on va proposer une seconde évolution : le découpage de la parcelle en deux sous parcelles de moins de 150 m de long dans le sens des écoulements. On se retrouve alors face à deux sous-parcelles : la sous-parcelle aval ayant un score de 46 et la sous-parcelle amont ayant – en supposant que cette partie ne soit pas drainée – un rang de 15. On se retrouve alors face à une sous-parcelle appartenant à la classe de risque moyen et une seconde à la classe de risque faible.
  3. La troisième solution que l'on peut tester consiste directement à implanter une protection aval jouant non seulement sur le facteur 5 (protection aval) mais aussi sur le facteur 1 (distance au réseau hydrographique) en implantant une bande enherbée de largeur supérieure ou égale à 20 m. Le rang de risque de la parcelle passe alors à 32 ce qui met l'ensemble de la parcelle en classe de risque moyen (orange).
Crédits: Pierre AROUSSEAU, professeur à Agrocampus Rennes