Profil du « risque » associé aux pratiques agricoles

L’impact de l’agriculture sur l’environnement (phénomène d’eutrophisation des rivières, de marées vertes…) et sur la santé humaine (développement de cancers, intoxication…) varie selon les caractéristiques géologiques, pédologiques, météorologiques… mais aussi en fonction des pratiques agricoles. Ainsi, par exemple, suivant les types de sols, le ruissellement des engrais azotés sera plus ou moins importants. De même, suivant les conditions de pulvérisation des pesticides, la volatilisation sera différente selon la présence ou non de vent, le dégrée d'hygrométrie… En ce qui concerne les impacts des pratiques agricoles, elles vont se différencier selon, par exemple :

Outre les caractéristiques physiques des zones agricoles, la question qui se pose est celle des bonnes pratiques agricoles. Elles sont définies comme un ensemble de règles à respecter dans l’implantation et la conduite des cultures de façon à optimiser la production agricole, tout en réduisant le plus possible les risques liés à ces pratiques, tant vis-à-vis de l’homme que vis-à-vis de l’environnement. En France, un « code national des bonnes pratiques agricoles », d'application volontaire en dehors des zones vulnérables, a été défini en application de la directive européenne « Nitrates ».

Le code ne traite explicitement que de la pollution des eaux par les nitrates issus des activités agricoles mais s’applique également pour les produits phytosanitaires. Il s'appuie sur les bases scientifiques et techniques existantes. L'objectif de ce code est de réduire les transferts de nitrates vers les eaux souterraines et de surface. Il a fait l'objet d'un arrêté du ministère de l'Environnement en novembre 1993. Le code comprend :

Par ailleurs, les ministères chargés de l'environnement et de l'agriculture ont mis en place en août 2000 un programme de réduction des pollutions par les produits phytosanitaires, afin de renforcer les contrôles réalisés sur ces derniers. Celui-ci prévoit des mesures au niveau national et au niveau régional. L’ensemble de ces orientations ont été traduites (et parfois anticipées dans un projet plus large d’évolution de l’agriculture) de manière différente selon les formes d’agricultures (voir tableau ci-dessous)

Formes d’agriculturePratiques agricolesMode d’Evaluation
Agriculture BiologiqueConcerne toutes les productions
Produits chimiques de synthèse interdits
Rotations culturales longues
Gestion des matières organiques (fumier…)
Cahier de charges par production
Contrôle indépendants
Certification
Attribution de la marque AB
Production FermièreConcerne toutes les productions
Matières premières issues exclusivement de la ferme
Maîtrise et responsabilité du produit
Transparence/consommateur
Accueil du public
Entretien de l’espace rural
Charte nationale des producteurs fermiers
Cahiers de charges par produit et par terroir
Agriculture PaysanneConcerne toutes les productions
Autonomie en protéines
Réduction des intrants (engrais, pesticides)
Rotations culturales longues
Gestion des pâturages
Produits fermiers
Entretien de l’espace rural
Charte de l’agriculture paysanne
Indicateurs socio-économiques
Diagnostics agri-environnementaux
Agriculture DurableConcerne toutes les productions
Réduction des intrants (engrais, pesticides)
Rotations culturales longues
Gestion des pâturages
Autonomie en protéines
Entretien de l’espace rural
Cahiers de charges par production
Contrôles indépendants (dans certains cas)
Certification (idem)
Attribution de la marque agriculture durable (idem)
Agriculture RaisonnéeConcerne toutes les productions
Respect de la réglementation
Cahiers d’enregistrement
Locaux de stockage fermés
Analyses des sols
Réglage du matériel
Socle de recommandations
Guides techniques professionnels
Possibilité de contrôles externes
Production IntégréeSystèmes plus utilisés en Europe du Nord qu’en France
La lutte biologique concerne l’arboriculture, la viticulture, les culture
Bien-être animal
Rotations culturales longues
Directives et recommandations
Cahiers de charges par production· Agrément
Label « Production Intégrée »
Agriculture de PrécisionConcerne les grandes cultures, l’arboriculture, la viticulture
Nouvelles technologies de l’information
Instruments de mesure électroniques (GPS, Système d’information géographique,…)
Evaluation par une gestion de la variabilité intra-parcellaire : correction, modulation, amélioration

Compte tenu de la variété des pratiques agricoles et de la complexité d’évaluation de l’impact de ces dernières sur l’environnement et sur la santé humaine, un certain nombre d’lien externe outils d’évaluation et de diagnostic ont été conçus. Ils visent à fournir un ensemble d’informations et d’indicateurs, permettant à l’agriculteur d’inscrire ces pratiques agricoles dans l’optique de la durabilité. Cependant, outre les difficultés liées à la nature des pressions (pesticides, engrais, irrigation…) ou des biens environnementaux tels que la biodiversité et les paysages, des problèmes d’échelles temporelles et géographiques entre les indicateurs des pressions agricoles et ceux de l’état des milieux, ainsi que l’influence importante des conditions climatiques rendent parfois délicates les interprétations. Des améliorations restent de ce fait nécessaires, concernant notamment les paysages, les sols et la biodiversité.

Crédits:
Jean-Marc DOUGUET, chercheur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Philippe LETERME, professeur à Agrocampus Rennes
 
Définition

Concentration d’eau contenue dans l’air.