Caractérisation des risques sanitaires

Les études épidémiologiques portent directement sur l’influence des facteurs de risque sur la santé des populations. De ce point de vue, elles constituent le plus haut niveau de preuve dans un dossier concernant le facteur de risque. Mais l’épidémiologie ne nous apporte des indications que sur une association : exposition -> augmentation de la fréquence d’une pathologie. Elle n’offre aucune indication quant au mécanisme d’action qui doit être étudié séparément, dans des modèles appropriés. De plus, elle ne contribue que rarement des données pour établir les relations exposition – effets.

La connaissance du mécanisme d’action est-elle indispensable ? Pour renforcer le lien causal entre les manifestations pathologiques et l’exposition à un déterminant environnemental il faut que l’apparition d’un trouble soit compatible avec ce que l’on sait du mécanisme d’action. Ceci renforce la plausibilité de ce qui est autrement une simple observation. Il existe d’autres règles permettant de renforcer la causalité, la principale étant celle de la relation temporelle qui impose qu’il y ait exposition avant que n’apparaissent les symptômes de la maladie.

Pour résumer les différents apports :

  1. La toxicologie permet de définir le type de toxicité et de fournir une relation de dose – réponse. Elle utilise des modèles, ce qui nécessite d’étudier les conditions de la transposition, par exemple de l’animal à l’homme.
  2. L’expologie étudie l’exposition à un déterminant donné, à l’échelle de la population. Elle offre une image de l’étendue du problème que les mesures de gestion devraient pallier. Une fois que le niveau d’exposition a été obtenu, il peut être transformé en risque de développer une pathologie grâce à une fonction dose – réponse. Ces fonctions sont fournies par les études toxicologiques sur les modèles animaux ou des cellules en cultures. La transposition de l’animal à l’homme se fait avec l’application de facteurs d’incertitudes plus ou moins standardisés.
  3. L’épidémiologie étudie la corrélation entre l’exposition et le développement d’une maladie en situation réelle. A elle seule (en cas de résultat positif) elle constitue une indication de l’existence d’un risque. Par contre, associée aux données toxicologiques, les résultats des études épidémiologiques apportent la preuve ultime et fournissent la meilleure estimation quantitative du risque [Celle-ci comporte toujours des incertitudes, ne serait-ce que par l’intervalle de confiance du risque relatif calculé].
Crédits:
Jean-Marc DOUGUET, chercheur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Yorghos REMVIKOS, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines