Environnement et santé : contexte et définitions

Introduction

A la suite de différentes crises et devant la préoccupation croissante concernant les risques chroniques émergeants, un cadre structuré a été proposé aux Etats-Unis, en 1983, pour encadrer la mobilisation des connaissances scientifiques en tant qu’aide à la décision publique. Ce cadre, avec ses différentes étapes, de la recherche jusqu’à la gestion du risque, est progressivement devenu (avec des adaptations) la référence sur le plan international. Ce cours introductif présente la phase d’évaluation du risque, celle qui correspond à la mise en œuvre de l’expertise scientifique, de l’identification du danger, à la caractérisation du risque. Le cours fait donc référence à la santé environnementale, autre domaine complexe et de reconnaissance relativement récente, même si chez les hygiénistes du 19ème siècle on trouve déjà les prémices de cette démarche.

remarque Remarque

Extrait du rapport au National Research Council : “…une démarche méthodique de synthèse des connaissances scientifiques disponibles en vue d’évaluer les effets sur la santé résultant d’une exposition d’une population ou d’individus à une substance, un agent ou une situation dangereuse ;” National Academy of Science (USA), 1983.

1. Quelques réflexions sur les causes des états pathologiques

Dans les dernières années nos connaissances fondamentales sur les causes des grandes maladies ont beaucoup évolué. Nous ne pouvons ignorer leur complexité qui se retrouve dans la multiplicité des causes, mais aussi dans les différents mécanismes moléculaires à l’origine de pathologies en apparence similaires. Ainsi, prétendre que la “cause” d'une pathologie réside dans une “exposition” à un facteur unique, c'est méconnaître la nature biologique des phénomènes. La plupart des maladies résultent d'une combinaison :

L'étude de la santé des populations se doit d'intégrer cette complexité. Mais il nous faut aussi avoir présente à l'esprit la notion plus dynamique de l'interaction entre les lois de l'évolution, dans le sens darwinien et les modifications de notre environnement d'origine anthropique. Ce principe s'applique à l'analyse de l'évolution de nombreuses pathologies importantes comme le cancer, mais aussi certaines maladies infectieuses, ainsi que l'obésité ou le diabète. L'adaptation physiologique de notre organisme peut-elle suivre la rapidité avec laquelle nous modifions notre environnement ?

2. Il s’agit de notre santé, mais aussi de l’environnement

La définition de la santé la plus couramment utilisée est celle qui a été adoptée par l'OMS en 1946. Elle indique que “la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité”. Plus récemment la charte d'Ottawa du 21 novembre 1986 adoptée par les deux bureaux de l'OMS Europe - promotion de la santé et environnement - mentionne que “la santé constitue la mesure dans laquelle un individu ou un groupe est apte à réaliser ses aspirations et à satisfaire ses besoins et d'autre part à s'adapter à son environnement et à le modifier”.

Si cette approche globale a le mérite d'intégrer les composantes sociales et psychologiques de la santé, il est à l'évidence difficile de préciser les caractéristiques objectives d'un état de «complet bien-être» que certains auteurs ont critiqué comme pouvant être assimilé à la définition du bonheur.

définition Définition

"La santé environnementale (environmental health) comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Elle concerne également la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contôle et de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d'affecter la santé des générations actuelles et futures"

Pour ce qui concerne la santé environnementale, nous retiendrons ici la définition proposée par le bureau européen de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lors de la conférence d'Helsinki de 1994 (cf. ci-contre). Elle a l'avantage de s'accorder avec la définition de la santé, adoptée par la même OMS en 1946. Il reste alors à préciser la définition de l'environnement qui, force est de constater, varie également selon les interlocuteurs et les points de vue. La teneur de la définition est loin d'être anodine quant à la portée du discours [Quand certains déclarent que 80% des cancers trouvent leurs causes dans l'environnement, il faut comprendre que seuls 20% des cancers ont une composante héréditaire]. Ces notions sont très importantes pour apprécier les disparités des statistiques issues de sources différentes. Il faut aussi reconnaître le caractère éminemment multidisciplinaire de la santé environnementale, qui fait appel à des spécialités typiquement du domaine de la santé (épidémiologie, toxicologie, entre autres), comme des sciences humaines (économie, droit, sociologie).

3. Danger et risque une distinction essentielle

Une substance, un produit ou une circonstance [Une activité ou un élément du mode de vie, une profession ou le tabagisme par exemple] peuvent être reconnus dangereux. Cependant, pour que l’on puisse établir une probabilité d’occurrence d’un dommage sanitaire, il faut que les personnes soient exposées au danger. A chaque niveau d’exposition il est théoriquement possible de calculer une probabilité qui représente le risque de développer l’état pathologique. Il nous faut donc distinguer danger et risque dans le but de pouvoir prendre des décisions, sous forme de recommandations ou de règles contraignantes, pour limiter le risque et non pour agir sur le danger. La gestion du risque consistera dès lors à prendre des mesures appropriées et proportionnelles en fonction du niveau de risque tel qu'il a été évalué par les moyens que nous définirons plus loin.

De même, ayant fait la distinction, il est facile de comprendre que le processus d’évaluation des risques débute avec l’identification des dangers, propriétés (nature corrosive, inflammable) et types de toxicité par exemple. Ainsi, se dessine le cadre de l’évaluation des risques avec le positionnement des différentes disciplines qui y contribuent.

Crédits:
Jean-Marc DOUGUET, chercheur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Yorghos REMVIKOS, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
 
Définition

Courant du xixe siècle qui a suivi la reconnaissance du rôle des bactéries et microbes dans les maladies humaines. On peut mettre à son actif les égouts, le ramassage des ordures, les bains publics, les crachoirs contre la tuberculose, ... C'est ce courant qui entraîne le comblement de certains bras de fleuves (Loire à Nantes, Seine à Paris, voûtement de la Senne à Bruxelles).

Définition

Il s’agit ici de la susceptibilité génétique, terme voisin de celui de prédisposition génétique. Elle regroupe les individus porteurs d’une séquence d’ADN leur conférant une probabilité accrue de développer une pathologie.