Santé et environnement : typologie des situations à risques et comment y pallier

1. L'intérêt des classifications

La classification des déterminants environnementaux en fonction de leur nature, physique, chimique ou biologique, est la plus utilisée. Elle est pertinente à plus d'un titre :

Cette classification est présente dans tous les documents officiels. Néanmoins, pour se fixer des objectifs, en particulier pour atténuer ou prévenir les impacts sur la santé et l'environnement, bien d'autres classifications s'avèrent utiles. Dans le cas des déterminants biologiques nous pouvons distinguer les bactéries des virus. Mais c'est pour l'énorme diversité des substances chimiques que les critères de classification seront les plus utiles. Les propriétés physicochimiques sont à la base d'une classification de dangerosité et de l'association avec les phrases de risque (irritant, corrosif, inflammable, etc.). Les facultés de persistance et de bioaccumulation sont essentielles pour la caractérisation de la toxicité environnementale, qui peut avoir des conséquences indirectes sur la santé de l’homme. Citons encore la classification des types de toxicité : par exemple, neurotoxique, toxique pour la reproduction ou cancérigène, dont l'intérêt se retrouve dans les mesures de protection, éventuellement aggravées pour des populations sensibles. Bien d'autres critères “opérationnels” peuvent trouver des applications spécifiques : par exemple pour faciliter l'élaboration de mesures, de “guidelines”, de préconisations, de prescriptions contraignantes, dans le but de protéger l'utilisateur, le consommateur et l'environnement. Leur présentation dépasse le cadre d’un cours introductif.

2. Exemples de conséquences sanitaires dues à des déterminants environnementaux

Facteurs physiques : Les rayonnements et le bruit sont des exemples de facteurs physiques ayant des impacts sanitaires. Les rayonnements ionisants (Rayons X ou gamma) sont cancérigènes, comme le sont aussi les rayonnements UV, dont la capacité de pénétration est plus faible et se limite à des effets sur la peau. Quant au bruit, les conséquences sont multiples et beaucoup plus difficilement mesurables, car la perception de l’environnement sonore et même le type de bruit ou encore le moment dans la journée, peuvent jouer sur les résultats.
Les rayonnements ionisants sont des cancérigènes puissants, mais la population exposée n’est pas nombreuse (sauf pour certaines professions). Le cas du radon, un gaz radioactif produit de la décomposition de l’uranium, mérite une mention spéciale. Certaines roches, utilisées dans la construction de logements, en émettent suffisamment pour que la concentration dans l’air intérieur atteigne des niveaux pouvant causer un nombre significatif de cancers du poumon. L’exposition au soleil (rayonnements UV) est le principal facteur de risque des 6000 nouveaux cas de mélanome observés en France. Enfin, pour ce qui concerne le bruit, avec toutes les précautions nécessaires compte tenu des difficultés mentionnées précédemment, des populations très importantes sont exposées à des niveaux qui dépassent les seuils préconisés par l’OMS [65% de la population européenne serait exposée à des niveaux supérieurs à 55 dBA leq sur 24 heures – seuil définissant la gène sonore selon l’OMS (source OCDE).].

Dans les facteurs biologiques, celui qui est cité le plus souvent concerne les légionelles, bactéries responsables d’une infection respiratoire le plus souvent bénigne (environ 95% des cas.. Les légionelles vivent en milieux hydriques à une température optimale entre 25 et 45 °C. L’homme s’infecte en inhalant un aérosol d’eau contaminée, ceux émis par les tours aéro-réfrigérantes, résidentielles ou industrielles.

Facteurs chimiques : Les risques associés aux substances chimiques sont ceux qui focalisent le plus l’attention. Etant donné le nombre de substances concernées (plus de 100000 enregistrées dans la base de données européenne pour les substances mises sur le marché avant 1981), utilisées dans de nombreux procédés industriels et rentrant dans la composition d’innombrables produits de consommation, l’évaluation des risques correspond à une tâche colossale. C’est la raison même de l’adoption du nouveau règlement REACH par l’UE.

Les conséquences de l’exposition aux fibres d’amiante (300 000 morts sur la période 2000-2025), largement médiatisées, fournissent une bonne illustration. Il en existe d’autres. Par exemple l’augmentation de l’incidence de certains cancers autour des usines d’incinération d’ordures ménagères, attribuée à la présence d’un fort taux de dioxines dans les fumées. Dans d’autres cas nous connaissons l’exposition, mais comme les pathologies sont multifactorielles, le nombre de cas attribuable reste théorique. Ainsi, en France, environ 2 370 000 de travailleurs étaient exposés en 2003 à des agents cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques [Toxique pour la fonction reproductive]. A l’échelle européenne et pour les niveaux d’exposition connus, environ 4% des cancers devraient être attribués au milieu professionnel. A minima, environ 2600 cas sont réellement reconnues d’origine professionnelle, dont 70% pour l’amiante.

Les pesticides sont également une source de préoccupation. Cette très large catégorie de substances comprend des cancérigènes, des neurotoxiques, des toxiques pour la reproduction. Du point de vue santé publique, on commence à peine à mesurer l’étendue des dégâts encore une fois en milieu professionnel, c’est-à-dire principalement chez les agriculteurs. L’augmentation des symptômes neurologiques, révélée dans certaines études en cours (AGRICAN ou PHYTONER par exemple), constitue clairement une source de préoccupation. Des cas de maladies neurodégénératives commencent aussi à être reconnus comme ayant une origine professionnelle (applicateurs de pesticides).

3. L’importance des circonstances d’exposition.

Cette approche basée sur les éléments du contexte à été proposée par l’UE. Trois types de situations sont identifiées :

  1. Les expositions volontaires, comme c’est le cas pour la mise sur le marché et l’utilisation de substances dangereuses, dès lors que leur utilité est établie et que des mesures appropriées sont identifiées pour minimiser tout risque. Typiquement, dans le cas d’une exposition volontaire, la procédure mise en œuvre est celle de l’évaluation des risques sanitaires : l’exposition doit être maîtrisée, dans le but de protéger le professionnel ou l’utilisateur. La définition de la procédure de contrôle (mesures réglementaires, préconisations ou restrictions d’usage) fait partie de la gestion du risque. Les produits phytosanitaires et les autres biocides font l’objet de telles procédures et sont réglementés par des directives spécifiques.
  2. Les expositions involontaires, occasionnées au cours d’une activité ou d’un procédé, dont l’exemple-type est la pollution due au trafic automobile. Pour les expositions involontaires il faut pratiquer une évaluation des dommages sanitaires qui nécessite de déterminer les niveaux d’exposition, d’étudier l’état sanitaire de la population, puis de corréler les deux. Ainsi, il sera établi si les niveaux des polluants réglementés respectent les préconisations internationales (celles de l’OMS par exemple), s’ils sont compatibles avec la garantie d’une bonne santé pour la population.
  3. Les expositions accidentelles constituent un cas à part. Elles sont considérées autour d’installations industrielles classées pour l’environnement (ICPE), qui appartiennent à une liste pré-établie en fonction des dangers intrinsèques à leur exploitation. Cette réglementation a été mise en place suite à l’accident de Seveso (incendie provoquant des émanations très importantes de dioxines). Dans ce cas, ce n’est plus seulement le risque qui est visé mais aussi le danger. Outre les mesures de prévention de l’accident, l’exploitant a l’obligation de traduire dans un document validé par les services de l’état, les moyens mis en œuvre pour limiter les dommages en cas d’accident.
Crédits:
Jean-Marc DOUGUET, chercheur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Yorghos REMVIKOS, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
 
Définition

Terme qui désigne la capacité des organismes à absorber et concentrer dans tout ou partie de leur organisme (partie vivante ou inerte telle que l'écorce ou le bois de l'arbre, la coquille de la moule, la corne, etc..) certaines substances chimiques, éventuellement rares dans l'environnement (oligoéléments utiles ou indispensables, ou toxiques indésirables).

Définition

Tumeur maligne développée aux dépens des mélanocytes. Son siège initial est la peau dans l'immense majorité des cas, on notera toutefois qu'il existe des mélanomes de l'œil des muqueuses (bouche, canal anal, vagin), et plus rarement encore des organes internes.

Définition

Terme générique utilisé pour désigner toutes les substances naturelles ou de synthèse capables de contrôler, d'attirer, de repousser, de détruire ou de s'opposer au développement des organismes vivants (microbes, animaux ou végétaux) considérés comme indésirables pour l'agriculture, l'hygiène publique, la santé publique (les insectes parasites (poux, puces) ou vecteurs de maladies et les bactéries pathogènes de l'eau détruites par la chloration), la santé vétérinaire, ou les surfaces non-agricoles (routes, aéroports, voies ferrées, réseaux électriques...).

Définition

Il s'agit d'une substance active ou d'une association de plusieurs substances chimiques ou micro-organismes, d'un liant et éventuellement d'un solvant éventuellement accompagnés d'adjuvants ou d'un tensioactif. Les phytosanitaires font partie de la famille des pesticides, elle même englobée dans la famille des biocides.

Définition

Le terme est utilisé selon la définition de l’UE, soit « Les substances actives et les préparations contenant une ou plusieurs substances actives qui sont présentées sous la forme dans laquelle elles sont livrées à l'utilisateur, qui sont destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l'action ou à les combattre de toute autre manière, par une action chimique ou biologique ».