Les volcans ne sont pas répartis au hasard à la surface du globe, mais leur localisation est intimement liée à la tectonique des plaques. On distingue trois grands types de volcans :
- les volcans de chaînes de subduction au contact d’une plaque océanique et d’une plaque continentale (Ceinture de feu du Pacifique) ou le long des arcs insulaires séparant deux plaques océaniques (Indonésie, Caraïbes, arc tyrrhénien en Italie, arc égéen en Grèce) ;
- les volcans de rift, le long des dorsales médio-océaniques (dorsale médio-Atlantique qui émerge en Islande ou à Sainte Hélène) ou des rifts continentaux (Rift Africain) ;
- les volcans isolés de points chauds (Réunion, Hawaii, Polynésie, etc.)
A la différence des zones de subduction caractérisées par un volcanisme explosif donnant des volcans "gris", les dorsales et les points chauds sont responsables d'un volcanisme avant tout effusif. Les risques seront par conséquent plus importants dans le premier cas.
Les coulées de lave basaltique, les plus fluides représentent 90 % de l'activité effusive sur la terre. Elles sont produites dans 2 types de situations structurales (Bardintzeff, 2006) :
- Les éruptions fissurales, qui se traduisent par des épanchements de lave le long de fissures, donnent des basaltes de plateau. Ces derniers peuvent recouvrir de vastes étendues appelées trapps (Columbia, Deccan, Sibérie etc.), qui résultent sans doute du refroidissement pendant des dizaines d'années d'immenses lacs de lave très fluide de type pahoehoe. Les volumes des éruptions historiques sont beaucoup plus réduits, de l’ordre d’une dizaine de kilomètres cubes pour les éruptions fissurales du Laki (Islande) en 1783.
- Les coulées issues d'éruptions ponctuelles (cratères) sont beaucoup plus fréquentes. Elles se produisent sur des volcans situés sur des points chauds (Kilauea à Hawaii, Fournaise à la Réunion), un rift (Nyiragongo, dont le cratère est fréquemment rempli d’un lac de lave), ou plus rarement le long d’une zone de subduction comme l’Etna.
Les coulées de lave furent à l’origine de seulement 0,4 % des décès dus aux éruptions volcaniques de 1600 à 1900 (un peu + de 1000 personnes) et 0,3 % au XXe siècle (285 personnes). Ces pertes sont généralement réduites à des accidents isolés de touristes passant à travers une coulée refroidie seulement en surface (Hawaii) ou tués par déficience d'oxygène. Le plus grand danger est lié à la vidange brutale d'un lac de lave comme au Nyiragongo en 1977. Dans l'Histoire, les coulées de lave ont en revanche causé beaucoup de pertes matérielles pour deux raisons :
- la grande densité des constructions dans les zones menacées, comme sur les flancs de l’Etna et du Vésuve.
- la difficulté de stopper les coulées : la coulée visqueuse de type aa du Vésuve en 1906 avançait doucement comme un bulldozer et rasaient tout sur son passage. La ville de Catane fut rasée par une coulée de l’Etna en 1669 pour la même raison.
Les coulées de lave constituent l'une des rares menaces volcaniques contre lesquelles on peut cependant lutter par des interventions techniques. Trois moyens ont été utilisés jusqu'ici :
- Le détournement des coulées par des digues artificielles fut tenté pour la première fois à l'Etna en 1669, puis fut très utilisée à Hawaii.
- Le bombardement aérien des coulées au-dessus d'un tunnel de lave pahoehoe a 2 effets : il fait écrouler le toit, formant ainsi un barrage qui entraîne un débordement de la lave à l'endroit de l'impact ; l’explosion enrichit également la coulée en gaz et peut transformer celle-ci en coulée de type aa, plus visqueuse, diminuant ainsi sa vitesse.
- L'arrosage des coulées fut entrepris pour 1ère fois au Kilauea en 1960 par un chef d'une garnison de pompiers. Il fut repris avec succès à une autre échelle (débit de 900 litres par seconde) en 1973 sur l’île d'Heimaey en Islande, afin de protéger le port de la ville.
Toutes ces techniques auraient néanmoins peu d'effet sur une éruption fissurale.
Franck LAVIGNE, Maître de Conférence à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne