Processus participatif : les conditions de la confiance

Dans quel sens donc, dans quelle mesure, peut-on affirmer une confiance en et un respect pour l’autre, dans des situations de non-réconciliation de valeurs et de croyances ? Que veulent dire les termes, « acceptabilité », confiance » (etc.) rattachés au « public » ou aux « stakeholders », comme enjeux ou critères de performance pour l’actuelle et les éventuelles futures filières technologiques, industrielles, énergétiques ? Ces questions, du point de vue d’éthique comme dans la stratégie d’entreprise ou dans des relations internationales, conduisent à réfléchir sur les limites de la tolérance comme principe et sur les vieux dilemmes comme la guerre justifiée, la défense légitime, sur les pratiques et les limites de la résistance non violente … (CF., LA DEMARCHE DE TRUSTNET, ci dessous).

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La Démarche de TrustNet

TRUSTNET, un processus de réflexion collective concernant la gestion sociale des risques industriels, naturels et sanitaires en Europe qui s'est déroulé de 1997 à 1999, dans le cadre du quatrième Programme de recherche de la Commission européenne. En s'appuyant sur des études de cas réels en Europe, quatre-vingt participants européens (régulateurs, industriels, élus, associations, experts) ont proposé un modèle opérationnel de gouvernance des activités à risques fondé sur la confiance sociale. Au delà de l'acceptabilité du risque, le principe d'une justification de l'existence même des activités à risques pour l'ensemble des catégories d'acteurs concernées apparaît comme une condition de la confiance sociale qui interroge profondément le fonctionnement des sociétés libérales. Cette réflexion collective met en évidence les enjeux politiques de la gouvernance des activités à risques en montrant que la résolution des difficultés observées passe par un renforcement de la participation dans le fonctionnement local et global de la démocratie.

Construire la confiance entre parties-prenantes ne dit pas d’autre chose que construire un espoir partagé, un projet en commun pour l’avenir. Il va de même que des espoirs des bénéfices partagés ne seront pas très élevés s’il n’y a pas de confiance de la volonté des acteurs puissants (industriels, étatiques, etc.) de rechercher des stratégies qui réconcilient les intérêts et les revendications des uns et des autres.

C’est pourquoi, pour orienter une démarche délibérative il faut s’intéresser à des signaux — faibles ou forts (selon le point de vue) — sur la méfiance et la défiance juste autant que la confiance. Il faut observer et accorder la place au mépris, à la désinvolture, à l’éloignement et au cynisme juste autant que le respect et l’appréciation. En prônant la nécessaire démarche délibérative comme pré-condition pour la compétence stratégique d’une entreprise ou d’une politique, il faut donc s’intéresser autant aux limites du modèle de la démocratie délibérative — aux limites théoriques mais aussi les échecs dans la pratique.