Des outils pour une évaluation de la qualité externe de la connaissance

A la différence de l'évaluation de la qualité interne de la connaissance qui traite de l'incertitude associée à la production de la connaissance, l'évaluation de la qualité externe de la connaissance porte sur l'incertitude relative à l'interprétation et à l'utilisation de la connaissance. Cela signifie qu'une diversité des justifications et de tests d'adéquation peut être invoquée pour répondre aux demandes de prise en compte de l'incertitude pour la gestion des risques complexes. Cette démarche s'appuie des critères scientifiques traditionnels de qualité tels que la concordance, la fiabilité, la capacité à expliquer des phénomènes observés, et l'intérêt pour orienter la recherche. Mais elles incluent également des considérations culturelles ou sociales, et qui répondent de diverses manières à des considérations telles que l'utilité perçue dans la vie de tous, au niveau des conseils pour mener à bien une action, concernant l'efficacité pour résoudre un conflit dans une situation où différents rapports de force s'expriment...
Aussi, les jugements concernant la pertinence et l'adéquation des demandes de connaissance ne concernent pas seulement la qualité scientifique de la connaissance, de l'information ou de l'opinion, évalués par des seuls critères scientifiques, mais également les rôles joués par (ou sollicités pour) différentes types de connaissance dans des contextes divers, culturels, sociaux et politiques. Différents types d'outils peuvent être mobilisés pour développer une qualité externe de la connaissance.
 

L’évaluation de la connaissance dans le processus de décision

Le cadre de l’assurance de la qualité (CAQ) fournit des éléments sur la qualité, la légitimité et la fiabilité des différentes dimensions des processus décisionnels évoquées plus haut. Ce cadre est basé sur le travail réalisé par Funtowicz and Ravetz (1990) sur le système NUSAP. Il suit le même principe que la catégorie Pedigree présentée dans le thème NUSAP et élargit ce dernier de manière à permettre une évaluation de la qualité, non seulement de l’information quantitative mais aussi celle d’autres types et sources d’information et de l’incertitude associée aux autres éléments du processus décisionnel (voir Le QAAT, l’outil d’aide pour l’assurance qualité).
 

La question de la pertinence des indicateurs

La qualité interne et externe amène à l’identification du besoin de système de catalogue qui organise et rend disponible une grande diversité d’information en rapport avec, d’un côté, des sources variées et de l’autre, des contextes d’usage. Nous présentons ici, un exemple de ce besoin, le système de méta information en ligne développé par l’équipe Kerbabel™ du C3ED en France, appelé la Foire “Kerbabel™ aux Indicateurs (FKI). Le FKI est conçu, avec cinq sections, comme un ‘forum’ permettant aux utilisateurs de construire des indicateurs candidats pour une décision ou un problème de gouvernance, et un dialogue permanent entre les producteurs et les utilisateurs de l’information (voir La Foire Kerbabel™ aux Indicateurs).
 

Vers une contextualisation de l’incertitude relative à la définition de futurs possibles

Dans un contexte d’une délibération multi-acteurs, le rôle du développement de scénarios consiste en la construction d’un ensemble des vues explicatives du futur qui agit comme un support permettant aux acteurs sociaux de discuter et d’évaluer une action, une politique, une décision et l’incertitude et les enjeux de gouvernance associés. De l’évaluation des scénarios — ou des options — émane donc différents points de vue.
La Matrice Kerbabel™ de Délibération met en évidence les modalités d’acquisition d’information, d’une part, pour représenter la situation et son évolution possible (via un panel d’options ou de scénarios) et, d’autre part, pour offrir des jugements sur la pertinence des scénarios et des options proposées. Ce second point peut être étayer par l’utilisation d’un ensemble d’indicateurs (via la Foire Kerbabel™ aux Indicateurs).
Les perspectives visent à construire un monde commun (un scénario) où les tensions, les conflits d’intérêts, les incertitudes et la dissidence (entre les scientifiques aussi bien qu’entre les décideurs, les administrateurs et les stakeholders d’origines différentes et de la société civile) peuvent être exprimés et discutés dans un cadre structuré (voir la Matrice Kerbabel™ de Délibération).