Le rôle majeur de l’urbanisation

L’urbanisation entre en jeu dans l’importance des dommages, naturellement, mais également comme facteur déclenchant parfois du phénomène. On peut distinguer 3 types d’implication qui peuvent interagir de concert.
Les constructions sont, par elles même, le premier facteur déclenchant, tant par leurs emprises spatiales que par leurs poids. Elles entraînent des tassements, affaissements, remises en mouvement d’un sol ou d’un sous-sol instable. Toutefois ce point peut être trompeur. Ainsi le cas du risque retrait gonflement est assez révélateur de la diversité de l’implication du mode d’urbanisation. Cet aléa consiste en la variation de volume de formations à forte composante argileuse en fonction de leur de teneur en eau. On a vu que sa localisation n’a rien à voir avec une quelconque zonation climatique mais plutôt avec une zonation géologique par la présence de formations à forte composantes argileuse. Quel type d’habitat est concerné ? Statistiquement, les dossiers d’assurance montrent que le retrait-gonflement affecte surtout l’habitat individuel (pavillons) et les petits bâtiments. Les centres anciens sont apparemment moins touchés. La pression démographique, le développement des infrastructures de transports depuis les années 1970, le boom de l’accès à la propriété ont favorisé les constructions individuelles dans tous les secteurs des vallées alluviales en Ile-de-France. Mais, ces constructions ont été réalisées avec des fondations de moindre profondeur ; souvent, les fissures se révèlent à la suite d’une construction à l’amont de la parcelle, ayant modifié l’écoulement des eaux.
L’environnement même des lieux joue un rôle de première importance dans le déclenchement des processus : la topographie, le contexte hydrogéologique, mais aussi, comme facteurs aggravants, la végétation et les défauts de construction (comme les fondations pas assez ancrées dans le sous-sol), comme l’indique le tableau ci dessous.
Légende
La part des facteurs humains dans l’aléa retrait-gonflement
L’urbanisation et la concentration de l’habitat qu’elle entraîne, s’accompagnent d’une multiplication des infrastructures de surface et en sous-sol. Ce dernier se transforme en une sorte de mille feuilles particulièrement exposé. Cet état accroît l’endommagement et parfois le déclenchement des mouvements du sol : rupture de canalisation, route constituant un barrage à l’écoulement des eaux, drainage excessif ou insuffisant. Chaque modification de la circulation des eaux au sein d’un bassin versant modifie son équilibre et favorise la dissolution de certaines roches, carbonates, gypse, créant des fontis, ou l’engorgement et la solifluxion, phénomènes propices aux glissements de terrain.
Les modes d’urbanisation : la croissance urbaine investit parfois des milieux autrefois dévolus à d’autres activités. Leur disparition et les vestiges qu’elles y ont laissés ne sont pas sans conséquences. C’est le cas des anciennes carrières de calcaire à Paris ou des champignonnières du nord de la petite couronne en Ile-de-France, ou encore des zones minières de l’est de la France. Le pompage continu de la nappe ne s’y fait plus ; les eaux d’infiltration remontent dans les galeries et les fragilisent. De vastes surfaces sont devenues inhabitables et les effondrements s’y multiplient.
Ces déformations de terrain n'ont pas eu de conséquences notables sur les constructions situées au cœur des zones affaissements. En revanche, celles qui étaient en périphérie, ont subi à la fois des mouvements de bascule et des sollicitations de traction (dues à l'étirement des sols) entraînant de graves dommages et souvent leur ruine. Ces dommages touchent aussi les réseaux d’assainissement, avec parfois une inversion de leur écoulement, leur rupture aussi et une pollution des sols et des nappes. D'une façon générale, les affaissements miniers sont à l'origine de modifications irréversibles des écoulements de surface qui ont nécessité la construction de stations de relevage des eaux usées et pluviales. Cette situation a compliqué évidemment le développement urbain puisque les populations sont exposées aux inondations en cas de défaillance des équipements. Des sinistres récents (en Lorraine), à partir de 1996 notamment, ont amené à reconsidérer complètement le problème et à étudier le risque de mouvement de terrain.