3.2. Les méthodes d'aide à la décision

Nous présentons maintenant les différentes méthodes d’évaluation des projets publics, qui peuvent être utilisées pour apprécier les politiques environnementales et guider les décideurs dans leurs choix.
 

3.2.1. L’analyse coût-avantage des projets publics

Outil d’aide à la décision, l’Analyse Coût-Avantage est une méthode d’évaluation du rendement social des projets publics, qui trouve un large domaine d’application en économie de l’environnement (Hanley et Spash, 1993).

Cette méthode (Bénard, 1985) consiste à :

          - recenser l’ensemble des agents concernés par le projet (de façon directe ou indirecte),

          - évaluer en termes monétaires, pour chaque agent ou groupe d’agents concerné, les coûts et les bénéfices marchands (directement reflétés par le système de prix) et non marchands (non reflétés par les prix) générés par le projet, et déterminer le solde en résultant,

          - sommer les coûts et les bénéfices individuels pour obtenir un solde global, qui représente le rendement social du projet.


Pour que la mise en œuvre d’un projet soit économiquement justifiée, le rendement social du projet doit être positif.
Par ailleurs, cette méthode nécessite de comparer plusieurs variantes du projet (dont par exemple le statut quo, c'est-à-dire l’absence de mise en œuvre du projet). Le projet retenu sera alors celui qui génère le rendement social le plus élevé. Cette démarche est conforme au principe de rationalité économique puisque le solde des avantages sur les coûts doit être maximisé.
Exemple

Prenons l’exemple de l’évaluation d’une politique de protection de la nature, comme la création d’un parc naturel de loisirs.
Regardons d’abord qui sont les agents concernés par le projet. La création du parc va procurer des bénéfices aux usagers de ce dernier, comme les promeneurs, les pêcheurs, les observateurs de la nature, les chasseurs, et peut être également aux habitants de la région en développant les activités touristiques liées à la nature : ce sont les agents bénéficiaires de cette politique. Le parc va peut être impacter négativement le développement de certaines activités, comme l’agriculture, dans ce cas le manque à gagner des agriculteurs doit également être considéré. La mise en place et l’entretien du parc mobilise des ressources financières et humaines : ce sont les coûts de création et d’entretien du parc (que nous supposons supportés par l’Etat).
Une fois que les agents concernés ont été recensés, il faut évaluer en termes monétaires les bénéfices et les coûts du projet (en valeurs actuelles). Supposons que tous ces éléments soient donnés :
-les bénéfices pour les promeneurs s’élèvent à 200, pour les pêcheurs à 100, pour les chasseurs à 120 et les retombées touristiques sont estimées à 400 ;
-le coût pour les agriculteurs est de 200 ;
-les coûts de création et d’entretien sont de 300.

Le rendement social du projet est donc de 320 (milliers d’euros par exemple), ce solde est positif.
Comparons maintenant ce résultat avec une alternative au projet : le statut quo, c'est-à-dire l’absence de mise en place du parc. Dans ce cas, les bénéfices pour les usagers sont nuls, ainsi que les retombées touristiques. Les agriculteurs peuvent davantage développer leurs activités, ce qui leur procure un bénéfice de 200. Il n’y a aucun coûts de création et d’entretien. Dans ce cas, le rendement social du statut quo est de 200 (milliers d’euros par exemple), ce solde est positif.
La création d’un parc naturel génère un rendement social de 320 contre 200 pour le statut quo : le premier projet procure un résultat supérieur au second (de l’ordre de 120), c’est donc la meilleure alternative.