3.3.3. La méthode d’évaluation contingente

La méthode d’évaluation contingente cherche à faire révéler, en termes monétaires, la variation de satisfaction qu’un agent peut anticiper d’un changement de son environnement. Il s’agit d’une évaluation directe du consentement à payer des agents, sans recours à un marché de substitution. On retient l’hypothèse de comportement rationnel des individus et on suppose que ces derniers effectuent des arbitrages entre la diminution de la consommation de biens marchands et l’accroissement des dépenses d’amélioration de son environnement (plus particulièrement de la qualité de services rendus par un bien environnemental).

Cette méthode fonctionne en deux étapes :
-élaboration d’un questionnaire ;
-calcul du consentement moyen à payer et de la valeur de l’environnement.

Tout d’abord, les individus sont directement interrogés à partir d’un questionnaire soit sur leur consentement à payer (le plus souvent lorsqu’il s’agit d’une amélioration de la qualité de l’environnement, comme la préservation d’une espèce) soit sur leur consentement à recevoir (lorsqu’il s’agit d’une compensation pour accepter une détérioration de l’environnement, comme la disparition d’une espèce). Les individus enquêtés doivent être représentatifs de la population totale. Ce questionnaire a pour fonction de placer les individus sur un marché hypothétique (contingent) qui décrit la modification du bien environnemental (par rapport à un scénario de référence) et la façon dont se passe la transaction (par exemple la création d’une zone protégée avec un droit d’entrée à payer). L’individu va ensuite formuler et révéler la valeur monétaire qu’il est prêt à débourser (ou à accepter en compensation), qu’on assimile au prix.
L’élaboration du questionnaire est une étape clé car les individus doivent bien se situer sur le marché contingent : ils doivent comprendre le changement de la qualité du bien environnemental et la manière dont se déroule la transaction, et le véhicule de paiement (l’instrument de paiement) doit être tout à fait crédible (Bonnieux et Desaigues, 1998). Le questionnaire peut prendre la forme d’une interview en face à face, d’un envoi par voie postale ou d’un entretien téléphonique. La révélation des valeurs monétaires des agents peut se faire grâce à un système d’enchères montantes, à une question ouverte ou à une question fermée (cf. Bonnieux et Desaigues, 1998, p. 236-240 pour davantage de détails sur les aspects propres au questionnaire).

Ensuite, d’après les données d’enquête (les réponses aux questionnaires) il s’agit de calculer un consentement moyen à payer (cf. Bonnieux et Desaigues, 1998, p. 240-248 pour un approfondissement technique de cette deuxième étape). Il faut ensuite rechercher les variables explicatives (le questionnaire renseigne sur les données socio-économiques des individus, on cherche à relier les réponses à ces données) afin de tester la validité de l’étude menée. Finalement, on agrège les résultats en multipliant le consentement moyen à payer par la population totale, afin d’obtenir la valeur recherchée.

Cette méthode présente l’avantage de pouvoir évaluer monétairement les valeurs d’usage et de non usage de l’environnement (telles que les valeurs d’option et les valeurs intrinsèques).
 
Définition

(marché hypothétique) C'est un marché fictif qu’on utilise pour mettre les agents dans une situation où ils expriment leur estimation monétaire d’une amélioration hypothétique de l’environnement.