Les articles et ouvrages « des climatologues »
Depuis trente ans, les articles dans les revues de climatologie et les ouvrages sur le changement climatique représentent probablement des milliards de pages. Des revues ont même été créées spécialement pour publier le « savoir nouveau » (Climate change par exemple qui se décrit ainsi « An Interdisciplinary, International Journal Devoted to the Description, Causes and Implications of Climatic Change » en 1977 chez Springer Verlag, et en langue française La Lettre « Changement global », émanation du CNFCG (Comité National Français du Changement Global) en 1994, L’usine à GES en 2004, etc. En ce qui concerne les livres, au moins quatre ou cinq titres « majeurs » sortent chaque année chez les grands éditeurs français : Hachette, Dunod, Vuibert, Seuil, Fayard, Calman-Lévy… Dans la décennie 1970, leurs titres donnaient une vision positive du réchauffement car on sortait d’une période où des crues glaciaires (dans la vallée de Chamonix par exemple) avaient laissé imaginer un refroidissement rapide. Mais cette image positive s’est détériorée rapidement au cours des vingt dernières années. Parmi les ouvrages les plus récents, nombreux sont ceux dont le titre est particulièrement accrocheur : Terre, fin de partie (2005), Le climat est-il devenu fou ? (2002), Climat : chronique d’un bouleversement annoncé (2004), Climat ça va chauffer ! (2004) Le climat : jeu dangereux (2004), Le grand dérèglement du climat (2005), etc. La concurrence entre maisons d’édition impose certainement ces outrances, mal contrôlées par les auteurs, voire dictées par les responsables marketing. Mais l’auteur conserve in fine un droit de regard sur le titre de son écrit, puisque « qui ne dit mot consent ». Cette évolution souligne une volonté de présentation du réchauffement sous ses aspects les plus négatifs. Le prologue du livre Terre fin de partie débute ainsi : « Encore un livre catastrophe, pensera le lecteur superficiel qui s’arrêtera au titre de cet ouvrage. Eh bien non, pas un livre catastrophe, mais LE livre de la catastrophe qui nous attend en cette première moitié du XXIe siècle, si nous ne prenons pas les mesures qui s’imposent d’urgence… » Cette prise de position nette est suffisamment rare dans la littérature scientifique pour être soulignée, d’autant qu’en même temps elle n’atteint pas les titres des articles des revues spécialisées qui restent beaucoup plus prudents.