Un quotidien : Le Monde
Comment un journal peut-il expliquer, analyser et non relayer des résumés « clef en main » et donc un discours ambiant rapidement répété ad nauseam ? Telle est la question, à laquelle nous allons tenter de répondre. Le Monde, quotidien du soir, est bien connu pour son sérieux et son statut de référence dans la presse française. En 2004-2005, ce journal a traité chaque semaine du changement climatique principalement dans les rubriques « Aujourd’hui » (rubrique de reportage) et « Climats » nouvelle rubrique créée en 2004 et qui sert à présenter, chaque week end, des articles sur le changement climatique et ses conséquences. Cet exemple précis d’un quotidien servira à nourrir une réflexion plus large sur tous les supports médiatiques.
La publication de ces articles dans Le Monde est assez régulière, à raison d’au moins un article par semaine (septembre 2004) ou deux (octobre 2004, mars 2005, mai 2005…) et jusqu’à 17 en février 2005. Leur fréquence est en fait rythmée par les événements de politique internationale plus favorables à l’information sur le réchauffement (moments charnières comme une réunion du G8 ou la ratification par un état du protocole de Kyoto). Parmi ces événements, les « anniversaires » de crises liées au climat (un an après la canicule, cinq ans après la tempête…) sont prétextes à plusieurs articles : l’occasion de rappeler le changement en cours. Toutefois, les articles, sans suite, privilégiant le spectaculaire, l’émotion, ne contribuent pas réellement à la constitution d’un savoir sur le sujet, d’une vraie mémoire du climat et des risques associés. Aucun argumentaire, aucune analyse n’accompagne les évocations, les images d’archives, qui ne sont pas mises en perspective. Parfois, à l’inverse la conjoncture est moins favorable à la publication d’articles. Tel fut le cas au début de l’année 2006, car l’hiver fut long et rigoureux en France, donc peu propice à un discours sur le réchauffement d’autant que l’actualité française était plutôt tournée vers les « affaires » à dix huit mois des élections présidentielles.