Durée des crises biologiques
La durée de ces crises biologiques a été supposée brève par les célèbres paléontologues du début du XIXème siècle tels que Georges Cuvier, Alcide d'Orbigny, ou Alexandre Brongniart et toutes reliées à des catastrophes globales. D’autres géologues, anglais principalement, ont au contraire décrit l’évolution du globe comme une succession d’évènements lents et continus, beaucoup plus en accord avec les conceptions darwiniennes de l’évolution. Aujourd'hui, une forme de catastrophisme est de retour, sous l'impulsion des théories « météoritiques » pour expliquer la crise au passage Crétacé/Tertiaire, ou théories « volcaniques » pour les crises Crétacé/Tertiaire et Permien/Trias. Cependant, compte tenu des imperfections des archives fossiles et des limites de résolution des techniques de datation, qu'elles soient relatives ou absolues, il est encore difficile de préciser l'étendue temporelle des différentes crises biologiques de l'histoire de la vie, tout particulièrement pour les plus anciennes. De plus, les biologistes et écologistes ont démontré la complexité des écosystèmes, des interactions des organismes entre eux et avec le milieu. Même pour des exemples récents d'espèces disparues, dont le mode de vie, l'anatomie, les facteurs limitants, les modifications de l'environnement sont connues, il n'est pas toujours facile de savoir s'il y a un ou plusieurs responsables de son extinction. Et si plusieurs responsables sont identifiés, la part de chacun reste très imprécise. Prenons l'exemple de la disparition des Mammouths attribuée au réchauffement climatique, à des modifications de la végétation, à l'arrivée de l'homme, à une épidémie, etc.
Nul doute que la compréhension des causes de ces extinctions de masse de l'histoire de la vie restera un sujet de recherche et de débat durant de nombreuses années encore. Il apparaît donc que la vie est soumise, au moins de temps à autre, à des contraintes qui échappent à la dynamique biologique mais dépend directement de la dynamique terrestre voire extraterrestre. Citons les variations du niveau de la mer et les variations climatiques, liées aux paramètres orbitaux (voir chap.3) ; à plus long terme, la dérive des plaques avec des périodes au cours desquelles les continents se rejoignent ou au contraire se séparent, conduit à des modifications géographiques favorables à la biodiversité, ou au contraire, introduisant des processus de compétitions interspécifiques à l'origine d'extinctions. Á ces phénomènes relativement lents s'opposent des évènements plus rapides tels que les éruptions volcaniques ou la chute de corps célestes qui, s'ils n'ont peut-être pas été les seuls responsables des crises biologiques, n'en ont pas moins déstabilisés des écosystèmes de manière importante. Á ces causes possibles des crises "fossiles" s'ajoutent depuis peu l'influence de l'espèce humaine dont le développement démographique et industriel modifie l'ensemble des écosystèmes de la planète (voir chap.9).