Les conflits d’usage peuvent relever de différents types, repris de Béthemont (2000) :
Les conflits d'ordre spatial
- Entre rives : par exemple, l’élévation d’une digue sur une rive conduit à reporter les inondations sur la rive d’en face.
- Entre amont et aval :
- avantage à l’amont : (i) la pollution des ressources constitue une dégradation pour l’amont (exemple : grandes agglomérations sur un cours d’eau) ; (ii) la captation des ressources en amont, par exemple pour de l’irrigation ou par détournement d’un cours d’eau, réduit les débits disponibles en aval (exemple : le Colorado ; (iii) l’aménagement des ressources en amont (par exemple, la constitution d’une retenue peut réduire le cours d’eau pendant le temps de son remplissagle…) ; (iv) etc.
- avantage à l’aval : (i) ennoiement d’une zone lors de la constitution d’une retenue ; (ii) la raison de l’usage aval (exemple : approvisionnement en eau d’une ville en accroissement) l’emportant sur celle d’un usage amont préexistant, conduit à des arbitrages en faveur de l’aval.
- Transferts interbassins : le principe de départ est de prélever dans un bassin "excédentaire" pour approvisionner un bassin "déficitaire". Les notions d’excédent et de déficit sont à apprécier en termes quantitatifs, et en fonction de la hiérarchie des usages qui s’impose dans la zone considérée.
- Entre surface et nappes :
- en termes de pollution : conflits entre émetteurs de pollution (agricole diffuse, industrielle, …) et producteurs d’eau potable. Le respect des périmètres de protection des captages doit contribuer à régler ces conflits, mais dans certaines situations les pollutions accumulées précédemment ont une durée de vie longue et demandent des traitements spécifiques.
- en termes de gestion quantitative : l’exploitation des ressources de surface, quand elle aboutit à une insuffisance de ressources, conduit à exploiter des ressources souterraines. L’exploitation des ressources souterraines impacte les nappes hydrologiquement liées à des cours d’eau : abaissement du niveau des nappes, donc des cours d’eau, dans les zones de prélèvement, augmentation locale possible du niveau des nappes dans des zones d’apports importants par irrigation, etc.
Les conflits d'ordre sectoriel (entre irrigation, énergie, AEP, etc.)
- L’irrigation, importance et volume et dans certains cas bien que moins importante économiquement que d’autres usages de l’eau, l’irrigation est parfois remise en cause par le développement d’autres usages.
- La gestion des retenues : notamment entre production d’énergie et agriculture.
Une partie des conflits provient d’une identification insuffisante de la fonction de "création de ressource" que constitue une retenue. Une fois créée cette nouvelle ressource, se développent des conflits autour de la légitimité des différents usages à en exploiter les débits créés.
Les conflits d’ordre environnemental
Ces conflits sont liés à des différences de perception des impératifs de protection environnementale.
Pour ne prendre qu’un seul exemple, très significatif, la question des grands barrages dans le monde a longtemps fait l’objet d’une opposition entre milieux environnementalistes, opposés à la construction de nouvelles grandes retenues, et responsables de pays en développement souhaitant développer de grandes infrastructures hydrauliques (irrigation, hydroélectricité) et atteindre un taux d’équipement comparable à celui des pays développés.
Pour ne prendre qu’un seul exemple, très significatif, la question des grands barrages dans le monde a longtemps fait l’objet d’une opposition entre milieux environnementalistes, opposés à la construction de nouvelles grandes retenues, et responsables de pays en développement souhaitant développer de grandes infrastructures hydrauliques (irrigation, hydroélectricité) et atteindre un taux d’équipement comparable à celui des pays développés.
Les conflits d'ordre sociétal - Au moins trois types de situations peuvent être cités :
- "Osotros y nosotros" (eux et nous) : la situation d’opposition entre une communauté d’usagers et un pouvoir extérieur souhaitant mettre en place un autre système de gestion de l’eau.
- Traditions cutlurelles et rationalité : la tradition d’usage de l’eau trouve des fondements historiques lointains. Le passage à une gestion "rationnelle", qu’elle soit réellement rationnelle ou n’allant que partiellement dans le sens de la rationalisation, s’oppose fréquemment aux représentations et aux pratiques liées aux traditions culturelles.
- Dans les villes en pays en développement, les conflits de voisinage entre quartiers pauvres, dont la desserte collective est souvent sommaire (fontaines, …) et quartiers riches, parfois dotés de forages privatifs, relèvent de conflits d’ordre sociétal.