Quelques têtes, toujours les mêmes
Dans tous les médias, les quelques personnalités interrogées – les spécialistes ès changement climatique – sont toujours les mêmes. Ils acquièrent ainsi un statut d’experts scientifiques à l’autorité indiscutable. Cela met en lumière la mauvaise circulation des savoirs entre la sphère scientifique et la sphère médiatique qui réduit la nébuleuse des chercheurs à quelques visages seulement : J. Jouzel, J. M. Jancovici, H. Le Treut, M. Petit. Les experts ne sont pas choisis seulement pour leurs compétences, que les journalistes tout comme le public ignorent, mais parce que leurs discours dégagent une certaine autorité. Leurs noms, leurs « laboratoires prestigieux » et à gros budgets (Ecole polytechnique, Ecole normale supérieure) et donc leurs mails ou téléphones, passent de mains en mains en entretenant ainsi chez les journalistes la fascination pour « le scientifique » censé détenir une parcelle d’une vérité jugée incontestable. Comme les chercheurs ne sont perçus comme tels que lorsqu’ils appartiennent aux disciplines « dures », les physiciens sont les plus interrogés. Le mouvement Sauvons la recherche, à partir de la fin 2003, n’a de la même manière été relayé dans la presse ou à la télévision que par des chercheurs « en blouses blanches » ! Les sciences sociales (géographie, histoire, sociologie, ethnologie etc.) seraient hors du savoir et de la recherche sur le climat.