Passer sous silence les enjeux locaux
La stratégie de la surinformation est aussi une tactique d’évitement. Envisager « l’atmosphère de la Terre », c’est donner un caractère international aux solutions et donc passer sous silence les enjeux locaux. Il n’est donc guère étonnant que des campagnes comme celle menée par l’ADEME avec le slogan « Faisons vite, ça chauffe » puissent prêter à sourire. La surabondance et l’outrance actuelles ne se traduisent pas par une meilleure compréhension des phénomènes scientifiques par un large public. Michel de Pracontal en 2001 avec Imposture scientifique en dix leçons 2001, L'imposture scientifique en dix leçons, La Découverte Sciences, 255 p. explique que la science ne parvient toujours pas à répondre aux "vraies" questions, que les experts ignorent les "vrais" problèmes, que certains d’entre eux parfois vont jusqu’à manipuler les médias. Il n’est donc pas étonnant que malgré la couverture médiatique du changement climatique, de nombreuses enquêtes révèlent que les hommes politiques de terrain sont mal informés (enquête menée auprès des maires d’Ile-de-France par exemple). Les citoyens de base s’en remettent aux « experts » ; mais ce qu’ils savent, ils le doivent aux médias. Pourtant, ils sont à la fois sages -la moitié d’entre eux n’a pas de certitude tranchée quant à l’origine anthropique du changement- et schizophrènes. En 2001 67% des Français se disaient prêts à changer leur mode de vie pour stopper l’évolution du climat sans toutefois accepter la moindre perte de confort ! Quant au public le plus éduqué c’est celui qui est certainement le plus critique. La défiance augmente avec le niveau d’études comme le montre l’enquête ISL, RCB de 2001 puisque 47 % des personnes ayant quitté l’école à 16 ans déclaraient ne pas avoir de certitude sur l’origine du changement climatique et 52 % si elles avaient un niveau au moins égal à Bac + 4.
 
Référence bibliographique

De Pracontal M. - 2001, L'imposture scientifique en dix leçons, La Découverte Sciences, 255 p.