La manipulation de la peur
Enfin, le changement climatique est toujours abordé dans une logique catastrophiste, une permanence humaine face à tout avenir inconnu. La « peur du déluge », en quelque sorte, est tenace. Par le passé, en 1742, P. L. Moreau de Maupertuis, puis en 1894 C. Flammarion avaient dressé la liste des catastrophes possibles dans les décennies suivantes. En 1910, le passage de la comète de Halley a suscité des travaux de scientifiques suite aux craintes de fin du monde à cause de la diffusion dans l’atmosphère de gaz cyanogènes. Après Hiroshima et en pleine guerre froide, A. Berger a scénarisé les conséquences possibles d’un affrontement nucléaire qui aurait pu modifier le climat de toute la planète. Plus récemment, le passage à l’an 2000 a suscité des peurs millénaristes que l’on croyait disparues depuis longtemps. Cette veine catastrophiste est exploitée dans la presse et même souvent renforcée par des titres accrocheurs qui envisagent ce problème global par le petit bout de la lorgnette. Ne parle-t-on pas pour l’Europe de « mort chaude » ou de « mort froide » selon la latitude de la dérive nord atlantique dans les scénarios futurs ? Le dossier du Nouvel Observateur du 7 juillet 2005 consacré au changement climatique est titré « Le monde brûle », bel écho à la phrase prononcée par Jacques Chirac au sommet de Johannesburg en 2002 « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Au moindre coup de froid les journalistes évoquent la sibérianisation ! Citons également le titre de l’article de Denis Delbecq paru dans Libération le 29 septembre 2005 : « Effet de serre : le chauffage de la Terre bloqué sur Maximum » ou encore les multiples exemples d’anthropomorphisme dans Le Monde : « Rita moins méchante que Katrina », à propos des cyclones caraïbes de la fin d’été 2005 ou plus généralement sur « la contrariété planétaire » (juin 2005).