Une approche morale
Le Monde (1 décembre 2005), par exemple oppose des « bons » (c’est-à-dire les tenants du changement anthropique, les pays qui ont ratifié le protocole de Kyoto), souvent « écolos » et « de gauche », préoccupés par l’avenir de l’humanité, et les « méchants », jugés irresponsables, (que Le Monde désigne par la périphrase politiquement correcte de « mauvais élèves »), c’est-à-dire les égoïstes ou faiseurs de profits, les pays qui n’ont pas ratifié Kyoto, les capitalistes et autres pétroliers américains… qui doutent de l’origine uniquement anthropique du réchauffement actuel. Cela alimente un anti-américanisme très présent dans ces débats. Les émissions de CO_2 de États-Unis (un peu moins du quart des émissions totales) les placent justement au centre du débat, d’autant que le gouvernement Bush peine à convaincre que son seul argument en faveur du non à Kyoto est la faiblesse des preuves d’un réchauffement anthropique. Quelques citations attestent de cette crispation française : « L’enjeu, au fond, est de savoir quel modèle de consommation adoptera la planète, et notamment les pays en voie de développement : dispendieux à l’américaine, ou plus sobre, à l’européenne ou à la japonaise. » (Pierre Radanne, janvier 2004) ou «Le conseil de la Maison Blanche pour la qualité de l’environnement a substantiellement modifié certains rapports scientifiques officiels » et « minoré les liens entre les émissions de CO2 provenant des énergies fossiles et le réchauffement climatique. » (Hervé Morin, juin 2005). Les caricatures de Plantu, y compris en première page, mettent souvent en scène le Président Bush et son attitude de déni du changement environnemental (5 juillet 2005 par exemple). Ce trait de la presse française a sans aucun doute été encore plus caricatural après l’intervention américaine en Irak (mars 2003). La controverse sur la part de l’anthropique dans le réchauffement actuel se trouve du même coup occultée et les sceptiques quant à la responsabilité humaine de la hausse thermique irrémédiablement ridiculisés. La critique est d’autant plus aisée que certains contradicteurs adoptent un ton polémique au lieu d’argumenter (rubrique de C. Allègre dans l’Express du 21/09/2006 et du 3/10/2006, article du Monde du 4/10/2006).