La Coexistence n’est pas une valeur universelle

Il se peut que certaines des protagonistes n'ont pas la volonté d’affirmer un principe de réconciliation et, de ce fait, ne s’intéressent pas à la recherche ni d’un cadre commun de compréhension, ni d’un parcours de compromis. Ceci peut être en raison des valeurs ou des systèmes de croyance (dont des systèmes métaphysiques sur la nature humaine, le destin de l’homme, le progrès, le Bien et le Mal, etc.) qui expliquent et justifient l’intolérance vers l’autre (la guerre juste, l’obligation de porter la Vérité, de repousser le Mal, etc.). Très souvent, cette prise de position se trouve réconfortée par la conviction que, de toute façon, l’autre est juste aussi intolérant et, pour le mieux et le pire, c’est la bonne guerre ...

L'espoir de la délibération comme démarche de conciliation (et donc de contrat et de confiance) est qu'on peut trouver une solution plus intéressante qu'un strict arbitrage entre des positions fixées à l'avance. Les participants, en s’exposant les uns aux autres leurs vues initiales dans un débat raisonné, peuvent changer d'avis et parfois aboutir à une réconciliation. Le processus concertatif affirme ainsi un certain espoir. Mais, pour les raisons déjà énoncées, il se heurte à des limites. Dans tel contexte — nommé « univers controversé » ou « non-stabilisé » par certains commentateurs — l’exercice visible du pouvoir (politique et autre) devient inévitable et, ceci sous de diverses formes qui peuvent être ressenties comme compatibles avec ou antagonistes aux valeurs de tolérance qui sous-tendent la délibération.