Agriculture et développement durable : approche historique et perspectives

 

Introduction

L’objectif essentiel de l’agriculture reste essentiellement, depuis 10000 ans d’histoire de domestication de la nature par les sociétés humaines, de nourrir ces sociétés, notamment au Sud. Mais à cet objectif initial sont venus progressivement s’ajouter d’autres objectifs et contraintes. Les activités agricoles se situent typiquement à l’interface entre nature, sociétés, et sciences, dans la mesure où il s’agit de construits sociaux et technologiques qui restent par essence sous la dépendance d’une part des caractéristiques et aléas du climat et du milieu biophysique environnant, et d’autre part, et de façon croissante, des caractéristiques et aléas des marchés et des politiques de différentes natures et à différents niveaux.
Le point de vue adopté et développé dans ce chapitre est que l’histoire des agricultures du monde, et l’évolution de leurs objectifs et pratiques, sont intimement liées aux projets politiques, sociaux, économiques, scientifiques et environnementaux que des acteurs locaux, nationaux et internationaux se sont donnés à différentes époques. La figure 1 présente un panorama chronologique de ces projets, en parallèle à l’évolution de l’agriculture elle-même. Parmi ces projets, le développement durable s’impose aujourd’hui dans les discours sur l’agriculture, ou par la recherche et les politiques agricoles.
Le thème du présent chapitre concerne les relations entre l’agriculture, ses paradigmes et pratiques au fil de l’histoire, et les projets des sociétés, aujourd’hui le développement durable.
Les questions posées sont les suivantes : Quels ressorts historiques, politiques et sociaux se cachent derrière les pratiques agricoles ? Comment l’agriculture et ses impacts ont-ils contribué à forger ce nouveau projet planétaire qu’est le développement durable ? En retour, comment ce projet pèse-t-il sur les pratiques actuelles de l’agriculture, sur ses options ? Comment l’agriculture, en tant que secteur économique et social, peut-elle mieux se positionner pour répondre à ce défi ? Cette contribution se limite-t-elle à améliorer la durabilité des modes d’exploitation agricole du milieu, et d’utilisation des ressources naturelles, ou peut-elle toucher à d’autres aspects du développement durable, tels que l’équité, la participation, la gouvernance locale, le développement territorial, etc. ? Et comment ?