Veille et Signaux Faibles

La veille apparaît comme un domaine beaucoup moins balisé et étudié que la prospective. D’une part, il n’existe pas véritablement de littérature consacrée à la veille ; d’autre part, on ne trouve pas, à la différence de la prospective, de systèmes nationaux de veille environnementale constitués ou en cours de constitution. Si l’on cherche une caractérisation simple, on peut dire que la veille a pour rôle principal de limiter la cécité face aux « signaux faibles » (voir le "Complément" ci dessous). Nous n’évoquons pas donc l’activité permanente d’observation « de premier degré » des variables de référence de l’entreprise ou de l’état de la nation (bilan financier, taux de chômage, etc.) mais plutôt l’activité « de deuxième degré » qui consiste en l’écoute et l’interrogation de « l’environnement » (financier, politique, biophysique, social) en vue d’identifier d’éventuelles sources de perturbation, voire de rupture des tendances historiques.
Complément

Les Signaux Faibles

La « faiblesse » des signaux peut avoir des origines multiples.

La « faiblesse » des signaux d’un danger environnemental peut être attribuable au caractère scientifique de la situation (par exemple la menace pèse sur un futur lointain ou le signal est faible numériquement, ou le signal est noyé dans trop d’informations et de « bruit » statistique).

La « faiblesse » peut être également due à des circonstances institutionnelles par exemple le signal est faible parce qu’il est émis par des acteurs non légitimes ou parce qu’il n’a pas de relais institutionnel.

Il existe des « signaux faibles » pour des problèmes connus (par exemple les avalanches) et des signaux faibles pour des problèmes latents (par exemple la vache folle).

Certains « signaux faibles » peuvent être émis par des experts et d’autres peuvent être issus de la société civile (assimilables à la demande sociale) .

Le développement de la veille environnementale, par exemple, est devenu essentiel à un moment où se multiplient les acteurs qui revendiquent des exigences et se multiplient de nouveaux principes au cœur des systèmes juridiques (internationaux, multinationaux et nationaux) à l’égard des problèmes environnementaux (responsabilité étendue du producteur, principe de précaution en plus du principe pollueur-payeur). Cette tendance rend progressivement les décideurs publics et privés sensibles à une gestion plus attentive et plus précoce du risque environnemental visant à traquer les « signaux faibles », d’où le rapprochement de plus en plus étroit de la notion de veille avec celle de prospective.