Entre Prospective et Veille

 

La relation circulaire entre Veille et Prospective

Nous avons caractérisé la prospective comme l’exploration des futurs possibles et souhaitables correspondant à des besoins et des valeurs de la société. Les Avenirs Energétiques sont liés à de profondes indéterminations technologique, économique, politique et sociétale (enjeux de sécurité, de fracture sociale, de globalisation, du développement durable). Le cadrage d’un processus d’évaluation des bouquets énergétiques alternatifs pour l’avenir a conduit aux questions suivantes :

Ces questions nous engagent dans une démarche spéculative. En effet, pour naviguer dans le contexte actuel d’incertitude et d’indéterminations tout en assurant sa viabilité, les acteurs actuels de la filière énergétique ont besoin de se projeter dans le futur des filières énergétiques à long terme, pour imaginer la future société que l’entreprise va elle-même contribuer à créer.

Cela renvoie à la question de la lecture du présent (et du passé) afin d’articuler des visions des devenirs de nos sociétés actuelles dont, plus particulièrement, des avenirs énergétiques possibles... Ou, en d’autres termes, à la pratique de veille. Si l’avenir ne peut pas être déduit mécaniquement du présent, c’est bien dans des démarches actuelles d’innovation technologique, dans des reconfigurations (globales et locales) économiques et politiques, dans des controverses au sein des sociétés et entre sociétés sur (parmi d’autres) les conséquences sociales et environnementales des pratiques économiques actuelles et des choix technologiques passés, présents et éventuels, que les amorces possibles des futures sociétés sont à discerner. Que l’avenir se produise par rupture avec des tendances actuelles (et éventuellement des éléments entièrement inattendus) ou par prolongations de ces tendances, il n’y a qu’observation et interprétation du passé et du présent qui peuvent nous fournir des points de repère.

Toutefois, l’exercice de veille ne saurait se substituer à la prospective. Le rôle d’un exercice de prospective est de fournir les questionnements permettant d’assurer l’orientation et la structuration de la veille, afin d’éviter, soit une recherche aveugle de « signaux faibles » (voir la partie suivante "Veille et Signaux faibles"), soit un amoncellement d’informations sans grille de lecture et de critère d’adoption ou de rejet. De même, les alertes vers lesquelles la veille stratégique est orientée ne peuvent émerger et être retenues par les décideurs qu’en fonction d’une réflexion en amont tournée vers les ruptures envisageables et (proposées comme) déterminantes parmi les futurs possibles. En d’autres termes, la veille en matière énergétique, sociétale, environnementale doit résulter d’une (sinon s’inscrire dans une) logique de prospective.
Légende
Veille et prospective
En d’autres termes, dans un bon système de veille les objectifs et les questions doivent être orientés par un exercice de prospective et, l’exercice de prospective est, à son tour, en partie alimenté par des pratiques de veille (voir le tableau "Méthodes de veille en fonction de l'objet et des objectifs de la veille" dans la partie "Méthodes et Outils pour des Exercices de veille"). Un exercice de prospective apparaît comme un préalable à la mise en place d’un système de veille. Mais, comme cela a été effectivement le cas dans les délibérations du Forum EDF-C3ED, l’activité d’identification des enjeux majeurs, des axes de choix lourds (c’est-à-dire, en termes systémiques, des points de bifurcation caractérisés par des irréversibilités) ou des fils conducteurs des avenirs possibles, qui est le propre d’un exercice de prospective, n’a pas d’autre ressource que l’intelligence sur les phénomènes du passé et du présent.

Il est donc utile de situer la démarche du Forum EDF-C3ED avec son objectif de cadrage des futurs exercices de prospective, par rapport aux pratiques de veille.