Une veille, quel que soit son objet, peut obéir au moins à TROIS GRANDES CATEGORIES D’OBJECTIFS qu’il convient de dissocier.
- Tout d’abord, elle peut servir à des besoins de recueil et (éventuellement) de circulation et de diffusion de l’information. On met alors en place un système de veille documentaire.
— Ainsi, les 4 catégories de veille précédentes (obtenues en fonction de l’objet d’étude) peuvent-elles être de type documentaire au sens large puisqu’il s’agit aussi du suivi des divers réseaux existants et pertinents. Une telle veille peut paraître à première vue aisément accessible. Toutefois, pour prétendre à une certaine exhaustivité elle nécessite des moyens non négligeables en personnel qualifié, provenant de diverses disciplines avec une expertise importante, « une part maudite » c’est-à-dire quelques éléments originaux et pas forcement contrôlables, et une rotation régulière du personnel pour éviter l’auto stérilisation. - Un système de veille peut poursuivre un objectif de compétitivité, c’est ce que l’on trouve couramment sous le vocable de veille (ou encore d’intelligence) économique.
— Elle doit alors se préoccuper à la fois des évolutions significatives dans la R&D technologique, dans la recherche scientifique sur les ressources naturelles et l’environnement (par exemple, il est aujourd’hui indispensable de suivre les signaux faibles sur le changement climatique, les pluies acides, etc.), dans les mouvements de la demande sociale (pour l’image, pour pouvoir se positionner sa production ou sa recherche par rapport aux besoins et aux attentes de la société, etc.), et dans la réglementation et la technologie. Un tel système de veille peut par exemple (soit au regard d’autres expériences technologiques comparables, soit en fonction de la réglementation dans d’autres pays) mettre en évidence certaines implications environnementales de technologies et donc permet d'éviter de se positionner sur un « lock-in » technologique. - Enfin, un système de veille peut avoir un rôle d’alerte auprès des décideurs responsables des politiques de recherche d’une part, des politiques de l’environnement, d’autre part, afin d’éviter le passage à la situation de crise (économique, sociale ou écologique). On parlera alors de veille stratégique dans la mesure où la transmission de l’alerte doit être en prise directe avec le niveau décisionnel, notamment pour des raisons de responsabilité.
— En effet, le récepteur du « signal faible » est ici le décideur. D’ailleurs lorsque la veille stratégique existe, elle est directement reliée à la présidence des institutions publiques ou des grands groupes industriels (exemple : la cellule de prospective de la présidence européenne créée par Jacques Delors et dont le rôle consiste en partie à réaliser de la veille stratégique afin d’insuffler de grandes orientations politiques aux diverses Directions Générales) ou au niveau des cabinets des Ministres. L’alerte peut provenir ici de toutes les origines possibles du signal faible (science, société civile, réglementation, technologie). Cela signifie que si l’on veut donner à la veille une dimension stratégique, cet objectif doit alors s’appliquer à une veille portant sur la demande sociale, à une veille scientifique, une veille technologique et à une veille réglementaire. De même, avant de constituer une alerte, le « signal faible » doit avoir été détecté, puis trié, par les autres niveaux de veille, c’est à dire la veille documentaire et la veille économique.