Sous le couvert de la concertation se dissimulent des mécanismes extrêmement divers (voir le Tableau ci dessous) qui ne relèvent pas tous du même niveau de concertation (van den Hove 2000, 2001). Ainsi, les enquêtes publiques et les commentaires publics peuvent-ils impliquer des flux d’information en sens unique : du public vers le gouvernement, sans que le premier sache vraiment l’utilisation qui en sera faite par le second. Le degré de réciprocité entre les différents acteurs s’avère alors très faible et le « sens » de la communication peut être monopolisé par le pouvoir privé ou public.
- Enquêtes publiques et commentaires publics : groupes de discussion sur différents sujets pour recueillir l’avis des citoyens sur des problèmes particuliers. |
- Panels de citoyens : petits groupes sélectionnés pour fournir aux processus de prise de décision des opinions représentatives des citoyens, habituellement à un niveau local, à travers des discussions sur les problèmes importants. |
- Jury de citoyens : groupes ressemblant aux panels de citoyens, excepté que leur délibération doit déboucher sur un "verdict" ou une recommandation de planification spécifique sur certaines questions pertinentes. |
- Conférences de consensus : concertations plus larges qui combinent un panel de personnes profanes avec des témoignages d'experts dans un forum public ad hoc, pour considérer des questions plus larges ou plus fondamentales et pour produire un rapport écrit avec des recommandations. |
- Médiation : les parties prenantes d'un débat ou d'une controverse cherchent à identifier leurs différences et les solutions en cours lors de discussions avec l'aide d'une troisième partie neutre. |
Les jurys de citoyens et les panels de citoyens (jusqu'aux conférences de consensus avec un statut officiel) sont autant de variations de techniques concertatives consistant à articuler des connaissances et des valeurs pertinentes d'une manière à la fois interactive et structurée. Ils peuvent être mobilisés, tant pour examiner et recommander des décisions, que pour imaginer des futurs possibles en liaison avec diverses méthodes de prospective pour un large spectre de questions comportant des risques et des conflits. De même, des processus discursifs, tels que les panels de citoyens, ou des procédures délibératives comme la médiation, les jurys de citoyens et les conférences de consensus, peuvent être utilisés de façon élargie — parfois avec l'aide de technologies de simulation de bases informatiques — pour permettre, par exemple, la construction de “futurs” sociaux, économiques et écologiques. L'évaluation et la discussion autour de ces futurs deviennent alors un processus d'articulation des valeurs au sein de la communauté et une contribution dynamique à la prise de décision (O'Connor, 2000 ; Beierle, 1998 ). De tels processus permettent d'évaluer la pertinence et/ou l'acceptabilité des informations fournies par l'expertise et d’examiner des questions relatives aux valeurs sous-jacentes qui divisent ou unissent les communautés de lieux ou d'intérêts.
L'idée de conférence de consensus telle qu’elle a été développée à l'origine au Danemark (Joss et Durant, 1995) , consiste à établir une discussion sur des points de science ou de technologie faisant réellement ou potentiellement l'objet d'un contentieux, au-delà des lieux traditionnels de débat entre les seuls experts ou groupes d'intérêts spécifiques. Le succès, évident au Danemark, n'a pas toujours été confirmé par des expériences similaires ailleurs. Cependant on peut noter nombre d’initiatives récentes de haute qualité appliquant la procédure de la conférence de consensus à l’évaluation sociale de problèmes comportant de forts enjeux, tels que l’entreposage de déchets nucléaires et les technologies de génie génétique (voir les exemples sur la page suivante).