Il ne s’agit pas seulement de mieux maîtriser la croissance spatiale des agglomérations. Encore faut-il bien souvent redonner ou donner du contenu au processus d’urbanisation. Il existe en Amérique du Nord une longue tradition d’innovation en matière de production urbaine, même si les formes dominantes, imposées par les logiques d’un marché de masse, tendent durablement à standardiser, à banaliser la production immobilière.
Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître dès les décennies 1960-1970 des initiatives d’urbanistes et de promoteurs s’engageant délibérément dans des réalisations répondant à des préoccupations écologiques. Par exemple la construction de Village Homes à Davis (ville universitaire voisine de Sacramento, Californie) débuta en 1974 sous la forme d’un quartier de plusieurs centaines de maisons et appartements conçus pour bénéficier des bienfaits du soleil afin de réduire leur consommation énergétique, alors que l’ensemble est organisé pour économiser le sol, réserver des étendues significatives aux espaces végétalisés, y compris des vergers et de vastes parties communes, et pour ne pas surconsommer l’eau disponible ( ). Bien d’autres expériences furent dès lors conduites, prenant le plus souvent exemple sur ces réalisations pionnières.
Mais c’est plus largement avec l’urban greening (urbanisation favorisant l’environnement) que se sont multipliées et diversifiées les initiatives. Ainsi une attention grandissante s’est exercée sur la végétalisation (foresterie, horticulture et agriculture urbaines), sur les moyens de réduire l’intensité de l’îlot de chaleur urbain en déminéralisant ou en limitant l’imperméabilisation de certaines parties des villes, voire sur d’ambitieuses politiques de conservation de milieux fragiles ou remarquables, ou de restauration de certains milieux profondément dégradés lors de phases antérieures d’urbanisation. Avec l’urban greening, les acteurs ne sont plus seulement ceux de la sphère immobilière. Des élus, des agences publiques locales ou régionales, diverses institutions publiques ou privées, de nombreuses associations environnementalistes ou civiques, des fondations également, tendent à travailler ensemble afin de promouvoir d’autre voies pour le développement urbain ou tout simplement corriger des erreurs passées. La ville de Chicago, à cet égard, représente un exemple parmi les plus accomplis de politique globale dont les résultats commencent à être perceptibles ( ).
Parallèlement, des architectes et urbanistes n’ont cessé de faire avancer l’idée qu’il pouvait y avoir un autre modèle d’urbanisation que le modèle étalé et discontinu, un modèle plus ramassé dans lequel les habitants pourraient moins dépendre de l’automobile et construire de réelles relations sociales de proximité. Apparu au début des années 1980, le New Urbanism prône l'essor d'une planification urbaine à l'échelle intercommunale capable d'assurer le renouveau de la ville-centre, la reconfiguration des banlieues et le contrôle de l’étalement urbain ( ). Il puise ainsi sa spécificité dans son apparente opposition à l'idéal d'urbanité des Américains (modèle suburbain de la maison avec jardin) pour favoriser un autre « habiter » conçu sur des principes de densification, de mixité fonctionnelle et sociale des quartiers et l’aménagement de vastes espaces publics (places, parcs, larges trottoirs…). Parfois considéré comme néo-traditionaliste, le New Urbanism revisite le village et promeut la réalisation de villages urbains censés produire un sens communautaire, depuis longtemps supplanté aux Etats-Unis par un communautarisme socio-spatial.
Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître dès les décennies 1960-1970 des initiatives d’urbanistes et de promoteurs s’engageant délibérément dans des réalisations répondant à des préoccupations écologiques. Par exemple la construction de Village Homes à Davis (ville universitaire voisine de Sacramento, Californie) débuta en 1974 sous la forme d’un quartier de plusieurs centaines de maisons et appartements conçus pour bénéficier des bienfaits du soleil afin de réduire leur consommation énergétique, alors que l’ensemble est organisé pour économiser le sol, réserver des étendues significatives aux espaces végétalisés, y compris des vergers et de vastes parties communes, et pour ne pas surconsommer l’eau disponible ( ). Bien d’autres expériences furent dès lors conduites, prenant le plus souvent exemple sur ces réalisations pionnières.
Mais c’est plus largement avec l’urban greening (urbanisation favorisant l’environnement) que se sont multipliées et diversifiées les initiatives. Ainsi une attention grandissante s’est exercée sur la végétalisation (foresterie, horticulture et agriculture urbaines), sur les moyens de réduire l’intensité de l’îlot de chaleur urbain en déminéralisant ou en limitant l’imperméabilisation de certaines parties des villes, voire sur d’ambitieuses politiques de conservation de milieux fragiles ou remarquables, ou de restauration de certains milieux profondément dégradés lors de phases antérieures d’urbanisation. Avec l’urban greening, les acteurs ne sont plus seulement ceux de la sphère immobilière. Des élus, des agences publiques locales ou régionales, diverses institutions publiques ou privées, de nombreuses associations environnementalistes ou civiques, des fondations également, tendent à travailler ensemble afin de promouvoir d’autre voies pour le développement urbain ou tout simplement corriger des erreurs passées. La ville de Chicago, à cet égard, représente un exemple parmi les plus accomplis de politique globale dont les résultats commencent à être perceptibles ( ).
Parallèlement, des architectes et urbanistes n’ont cessé de faire avancer l’idée qu’il pouvait y avoir un autre modèle d’urbanisation que le modèle étalé et discontinu, un modèle plus ramassé dans lequel les habitants pourraient moins dépendre de l’automobile et construire de réelles relations sociales de proximité. Apparu au début des années 1980, le New Urbanism prône l'essor d'une planification urbaine à l'échelle intercommunale capable d'assurer le renouveau de la ville-centre, la reconfiguration des banlieues et le contrôle de l’étalement urbain ( ). Il puise ainsi sa spécificité dans son apparente opposition à l'idéal d'urbanité des Américains (modèle suburbain de la maison avec jardin) pour favoriser un autre « habiter » conçu sur des principes de densification, de mixité fonctionnelle et sociale des quartiers et l’aménagement de vastes espaces publics (places, parcs, larges trottoirs…). Parfois considéré comme néo-traditionaliste, le New Urbanism revisite le village et promeut la réalisation de villages urbains censés produire un sens communautaire, depuis longtemps supplanté aux Etats-Unis par un communautarisme socio-spatial.
Crédits
Photographies : J. Chevalier, 2004
Légende
West Palm Beach (Floride) : « City Place », une opération labellisée New Urbanism afin de rénover une partie du centre ville sinistré : introduction de la rue partagée, de l’espace public, de la mixité des fonctions (commerces, loisirs, bureaux, logements).