Guimarães Pereira et O’Connor (1999) dans leur typologie des approches participatives pour l’analyse intégrée des problèmes de choix technologique et de risque environnemental, distinguent trois modes et ambitions de communication.
- Une meilleure dissémination de l’information des experts (décideurs, scientifiques) vers le public;
- Une amélioration des connaissances mises à la disposition des experts (scientifiques, décideurs);
- Une meilleure convivialité entre citoyens comme fondement inter-subjectif et politique de la démocratie.
Ces trois faces de la communication peuvent — et devraient — coexister. Toutefois, c’est le troisième aspect qui est déterminant. L'objectif général des procédures et institutions délibératives est d'essayer de trouver une décision ou une procédure permanente ou de faire émerger une intelligence jugée satisfaisante en termes des valeurs de toutes les composantes de la communauté d’intéressés : un résultat qui serait jugé acceptable dans le sens d’être respectueux des points de vue divergents. Ce résultat émergerait (ou non) grâce à la discussion et à l’échange des opinions d'ordre moral et pratique.
La présomption ici est que les approches participatives peuvent modifier les représentations et les valeurs. Le processus intersubjectif de communication et de réflexion collective peut générer une situation d'apprentissage mutuel pour les participants qui découvrent chez les uns et les autres des expériences et des représentations différentes des leurs et néanmoins pertinentes. On connaît mieux les points de vue des autres (sans pour cela nécessairement y souscrire). Le processus discursif et affectif de délibération peut conduire les acteurs à modifier leurs représentations du monde, c'est-à-dire leurs perceptions et leurs conceptualisations du problème lui-même et du contexte social dans lequel il s'inscrit et, ainsi, l'émergence de nouvelles perspectives de compromis.
Ces arguments nous renvoient à des présupposés à caractère éthique, affectif et épistémologique du « modèle politique de la démocratie délibérative » [voir plus loin]. Bien entendu, cet idéal participatif à la fois moral et politique ne peut avoir que des effets incomplets dans les domaines complexes. Logistique mise à part, les différents groupes de personnes sont parfois incapables ou n'ont pas la volonté d'accepter ensemble un cadre commun de compréhension ou de compromis.