La notion de parties prenantes, doit être appréhendée différemment dans l’économie solidaire. En effet, ces stakeholders, ne sont pas seulement écoutés, et l’on ne fait pas que leur « rendre compte », ils sont aussi propriétaires de l’entreprise elle-même. Le concept d’entreprise sociale défini par le réseau de recherche Emes met en avant la recherche d’une participation démocratique de multiples parties prenantes et notamment les premiers concernés par l’activité : usagers, bénévoles, travailleurs, dans la direction des initiatives. Ces modalités de fonctionnement démocratique ont commencé à être reconnues par des statuts spécifiques. En Italie, ce type d’entreprise, dès 1991, a obtenu une législation spécifique avec la reconnaissance des coopératives sociales. En France, il a fallu attendre 2001, jusque-là, en terme d’idéal type, les statuts cloisonnaient les possibilités de participation multiple d’acteurs au pouvoir des organisations d’économie solidaire. Si la législation et les pratiques offrent, des possibilités de participation de différents types d’acteurs (possibilité d’apport de capitaux extérieurs dans les coopératives, participation des collectivités locales au fonctionnement d’association, dispositions pour la participation des travailleurs dans les sociétés commerciales ou associations…), les caractéristiques typiques demeurent et seule la création, en 2001, du statut de Société coopérative d’intérêt collectif permet la participation conjointe de plusieurs parties prenantes.
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L'économie solidaire : un projet de société
Au moment où la dynamique marchande ne suffit plus à fournir du travail pour tous, l'économie solidaire ne peut rendre la sphère économique plus accessible et la "réencastrer" dans la vie sociale que si elle réaffirme la dimension politique de son action.
Le devenir de l'économie solidaire est dépendant de la capacité de ses acteurs à renforcer leur autonomie. Il est aussi lié à leur capacité de renforcer, dans la durée, des relations basées sur la liberté et l'égalité des membres du groupe. Il est conditionné par la recherche de l'expression et la participation de chacun quel que soit son statut (salarié, bénévole, usager). En outre, cette volonté de donner la parole aux premiers concernés, pour s'attaquer concrètement à des problèmes vécus, ne s'oppose pas à la citoyenneté de délégation et de représentation mais au contraire la renforce.
On touche là l'autre face de la dimension politique de l'économie solidaire qui tient à sa reconnaissance par les pouvoirs publics. L'économie solidaire, loin de servir de Cheval de Troie à un éventuel désengagement de l'État, exige au contraire que " l'État assume ses responsabilités sociales et garantisse des droits sociaux universels, pour que la citoyenneté puisse s'exercer réellement. Ceci implique au Nord une ouverture de l'État à la négociation et à la gestion partagée avec les réseaux de la société civile et au Sud la reconstruction d'un État de droit, garant notamment des droits économiques et sociaux " pour reprendre les termes de la déclaration de Lima au terme d'un symposium sur la globalisation de la solidarité réunissant des représentants venus de trente deux nations.
La sortie du face-à-face entre État et Marché suppose la reconnaissance des possibilités de l'économie solidaire en termes de renforcement du tissu social et des liens civiques dans les territoires ce qui pose la question d'une nouvelle représentation citoyenne montrer comment elle s'alimente d'une pratique.
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