De même qu’il est difficile de rejeter entièrement l’idée d’apprécier les coûts d’opportunité d’un choix politique ou d’une action, de même il est difficile de s'opposer aux idéaux de coopération, de communication ouverte de l'information, et aux solutions de consensus ! Néanmoins, toute procédure délibérative connaît des difficultés dont les racines se trouvent, souvent, dans les mêmes caractéristiques — conflits d'intérêts, divergences de perspectives, d'incertitude — qui posent aussi problème aux analyses coûts-bénéfices monétaires en tant que processus d'aide à la décision. Si le respecte pour l’autre (attitude qui permet la recherche d’une réconciliation éventuelle) est reconnue par la démocratie délibérative en tant que valeur fondamentale d’une société « ouverte », ce principe ne saurait résoudre à lui seul les tensions au sein de ce modèle de société.
- Tout d'abord, un processus peut ne pas inclure toutes les parties de la société susceptibles de revendiquer au nom de leurs intérêts. L’inertie et les intérêts puissants au sein de toute société ne sont pas nécessairement cohérents avec la poursuite de plus larges objectifs écologiques et sociaux.
- Ensuite, même si un processus délibératif tente d'être exhaustif, la distribution asymétrique du pouvoir dans la société peut signifier que les intérêts des plus pauvres, les moins capables de s'exprimer (à l'intérieur des formes de communications choisies), ou ceux des moins bien organisés, ont moins de droits à la parole.
- Troisième, la délibération peut révéler l’irréconciliation sans encore signaler une route de sortie.
Nous donnons, dans la partie suivante, un exemple d'un processus d'évaluation technologique qui s'est terminé en impasse. Dans ce cas, comme dans maintes d’autres, le problème de fond n’était pas forcément le manque de temps ou le manque de moyens mis à la disposition des délibérants.
Il est bien possible que, devant des divergences irréductibles révélées par les processus mêmes de délibération, les parties prenantes finissent par se renoncer à l’idéal d’une réconciliation. C’est le cas, souvent, pour les grandes controverses sur la technologie et l'environnement caractérisées par des prises de position, des valeurs et des principes qui peuvent profondément différer dans leurs racines et s'avérer incompatibles. Dans de telles conditions, le compromis qui devrait conduire au « contrat social » peut se révéler inadmissible ou impossible pour l'une ou pour plusieurs des parties.
Il est bien possible que, devant des divergences irréductibles révélées par les processus mêmes de délibération, les parties prenantes finissent par se renoncer à l’idéal d’une réconciliation. C’est le cas, souvent, pour les grandes controverses sur la technologie et l'environnement caractérisées par des prises de position, des valeurs et des principes qui peuvent profondément différer dans leurs racines et s'avérer incompatibles. Dans de telles conditions, le compromis qui devrait conduire au « contrat social » peut se révéler inadmissible ou impossible pour l'une ou pour plusieurs des parties.